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Sarah Vaki : ambassadrice du Tapa à Fatu Iva

A l’occasion de la journée du patrimoine, découvrez « ces savoirs pour ne pas disparaître »

A 1500 kilomètres au nord est de Tahiti, Fatu-Hiva est une île française des îles Marquises.

On entre dans ce décor de cathédrale luxuriante d’à peine 10 kilomètres de long par ses mythes fondateurs où chaque île de l’archipel était associée à l’élément d’une grande maison et avait une fonction et une spécialité.

A Fatu I’va le toit de palme et le tapa .C’est une étoffe, faite d’écorces battues et ornées de dessin .

Elle servait à la fois de matériau lors des rituels et couvraient la nudité des hommes de la naissance à la mort . Si elle fut interdite à l’arrivée des colons pour presque tomber dans l’oubli, les femmes ont à transmis cn secret de génération en génération aux petites filles ce savoir faire.

Mais il faudra attendre les années 70 et le réveil identitaire et culturel des îles marquises pour que le tapa retrouve ses lettres de noblesse.

Aujourd’hui toute l’île vit au rythme du Tapa. C’est une véritable économie gérée par les femmes.

«c’est comme une création cette étoffe que nos mains de femme avons battus »

Sarah Vaki est originaire de Fatu I’va. Son île est une coquille, un refuge. De la mer, on ne voit rien rien d’autre qu’un petit bout de clocher blanc et une rue principale où se niche le village d’ Oméa dans une étroite vallée verdoyante. En s’approchant un son s’échappe de cette maison de bois. C’est le son du battoir. Sarah fabrique des tapas depuis plus de cinquante ans. Quand cette enseignante évoque ce parchemin végétal, fait d’écorce laminée et décoré de motifs marquisiens qui habillait aussi bien les hommes que les effigies des dieux, ses yeux brillent. Elle est fière de ce savoir millénaire et se dit encore protégée par ces idoles de pierre, les Tikis et ses ancêtres. Ils veillent, le regard figé, sur la terre de Fatu ‘I va .

« Y a que fatu I’va qui a gardé le tapa »

Fatu I’va a connu comme le reste des habitants des îles Marquises, un véritable ethnocide dès l’arrivée des premiers colons. Annexés par la France en 1842, la population est passé de 100 000 habitants à 6000 en une trentaine d’année. Dans le même temps les pratiques culturelles sont interdites jusqu’à tomber dans l’oubli. Ce n’est qu’en 1952 qu’un sculpteur du village Léon Haiheana Teiituetahi dispense des cours de dessins de tatouages qu’il grave alors sur des tapas. Le tapa décoré était né .Mais il faudra attendre Monseigneur le Cléac’h, un évêque breton en poste aux Marquises de 1973 à 1981, pour qu’ ils réapprennent à être fiers de leur culture et de leur savoir faire.

« je demande la permission aux arbres si je peux couper une racine, un tronc »

C’est l’île des superlatifs.La plus éloignée, la plus sauvage et la plus pluvieuse. Ce matin la forêt expire son haleine d’ humus comme un baiser mouillé de la terre gorgée d’eau. La végétation est luxuriante, l’air embaume de mille senteurs : cocotiers, papayers, citronniers, manguiers et arbre à Tapa. Ici tout pousse à profusion. Le calendrier lunaire invite Sarah à couper des écorces de banian mais Il faudra attendre la rosée du matin pour le mûrier . Puis s’ensuivra un long travail . Le procédé peut prend des semaines. Il consiste à détacher l’écorce puis à la racler pour ne garder que sa partie interne.puis à la battre  jusqu’à obtenir une étoffe brun-rouge.

Les hommes ne sont pas autorisés à assister à la confection du tapa.

«  ce sont mes tapas, jamais, jamais… ils resteront avec moi »

Chaque tapa est unique. Il est l’œuvre d’une femme . Chacune a son style, sa signature et ses secrets. Un tapa peut coûter 3000 euros et atteindre 38 mètres . Un record battu lors du festival du tapa en 2014. Aujourd’hui Sarah Vaki présente ses tapas dans le monde entier  mais elle réinvente son usage et vient de créer avec la styliste plasticienne française Isabelle Arciero-Mahier une robe en tapa et en soie . Elle rêve aussi d’habiller les artistes de Tapa . Mais au crépuscule, Sarah aime se retrouver seule avec ses tapas . Ce ne sont pas les plus anciens mais les plus beaux à ses yeux.

Le tapa c’est l’histoire d’une étoffe sacrée, populaire et artistique sauvée de l’oubli par les femmes.

Un savoir pour ne pas disparaître sur cette terre des hommes du bout du monde.

« Jamais je n’aurais pu imaginer que ce tapa serait connu dans le monde entier »

Anne Pastor de la Voix des Femmes Autochtones

Retrouvez le portrait video de Sarah vaki sur le site : http://www.femmesautochtones.com

Pour en savoir plus

Carte d’identité de Fatu Iva :

-10 kilomètres de long et 4 km de large

-611 habitants

-une route

-deux villages Omoa et Hanavavé

-deux écoles primaire

-Ravitaillée deux fois par semaine par une goélette (petits cargos)

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En terre indigène