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EPISODE 7 : CHRISTINE ET SA FAMILLE SE SONT RECONSTRUITES GRACE AUX REUNIONS SEVOTA

“J’ai subi le mariage forcé . Et c’est avec lui que je vis aujourd’hui. J’avais 21 ans pendant le génocide”.

Voici son histoire.

“Je m’appelle Nitwa Mukakabera Christine. Quand je rencontre maman Godelieve, elle me donne des conseils et ça m’apaise. Aujourd’hui je lui ai parlé de l’angoisse causée par le génocide et elle m’a dit ce que je devais faire pour m’en sortir. Et quand je suis à la maison et que quelque chose me perturbe, j’essaie de faire les exercices, même n’importe comment, mais je le fais.

Cela me permet de retourner à la vie.

L’angoisse que j’ai souvent, c’est lorsque je me rappelle que j’ai été kidnappée par un homme pendant le génocide, c’est cette angoisse là qui me revient souvent, quand quelqu’un me fait du mal.

Mon mari m’a mariée par force, parce que l’on ne se connaissait pas. Et quand il m’a vue, lui c’était pour me protéger qu’il me mariait. Mais il m’a d’abord repérée, il a envoyé des hommes de force à qui il a donné de l’argent pour venir me chercher. Mais moi je ne voulais pas, parce que je me sentais mal. J’étais encore vierge et je ne voulais pas mourir dans le péché. Mais dans le même temps un homme a pris ma main de force et a commencé à me frapper. Cet homme et tout le groupe, m’ont arrachée de force et m’ont amenée chez cet homme. Et je suis restée chez cet homme jusqu’à ce que la situation se calme. J’avais 21 ans et demi.

Après il s’est agenouillé devant moi, et il m’a demandé pardon . Il a dit qu’il n’y avait pas de problème pour continuer à vivre ensemble. Il a continué à m’apaiser et à me dire qu’il serait toujours auprès de moi et qu’il continuerait à me protéger. Alors j’ai commencé à me sentir apaisée. Mais, ma famille et mes frères sont venus pour me récupérer et mon mari les a suppliés de me laisser ici.

Ca m’est arrivé d’envisager de quitter mon mari mais je n’envisageais même pas de trouver un autre mari. Je me sentais comme une folle.

Nous sommes toujours ensemble et nous avons six enfants.

C’était difficile de leur raconter ce qui s’est passé, c’est quand je suis entrée dans l’association Sevota que j’ai eu le courage de leur dire car je me sentais entourée. Mais c’était dur d’affronter ce souvenir. Mais après ils ont voulu se venger.

Ils ont même voulu éliminer leur père et rechercher leurs oncles paternels et tous les gens suspectés d’avoir fait du mal à leur maman pour se venger.

Après j’ai essayé de me ressaisir et de comprendre ma situation. J’ai rassemblé toutes mes forces et par chance SEVOTA m’a aidée à convaincre mes enfants de participer à ses programmes thérapeutiques. Ils ont reçu assez d’enseignements et maintenant ils surmontent ce traumatisme. Ils ont compris que leur père n’était pas à l’origine de mes malheurs. Et aujourd’hui ce sont de beaux enfants.

Mon traumatisme diminue et petit à petit j’ai retrouvé la paix. Mais je suis toujours suivie par les thérapeutes.

J’ai pardonné. J’ai pardonné à tout ceux qui me poursuivaient et  aux familles.

J’ai essayé de surmonter tout cela, et aujourd’hui tout ce qui me préoccupe c’est de m’épanouir. M’épanouir dans la vie, faire des exercices de développement personnel. Je dois m’occuper de moi pour essayer d’oublier tout ce qui s’est passé.

Ces réunions m’aident beaucoup à avoir de la joie. Sevota nous a permis de retrouver le goût de la vie. Sevota nous aide beaucoup, grâce à grand-mère Godelieve. nous recevons des aides et Sevota nous a permis de quitter une vie médiocre. J’ai retrouvé le goût de la vie. Aujourd’hui nous vivons de la terre, nous cultivons et nous vivons des récoltes.

Dans le village, avant on me voyait d’un mauvais oeil, ils nous isolaient, ils s’éloignaient de nous, même moi je m’éloignais d’eux et ils me disaient que j’étais d’une mauvaise ethnie.

Maintenant comme nous avons pardonné, ils nous supportent, nous vivons ensemble dans une parfaite harmonie. Et j’ai une grande famille aussi avec Sevota. Ils me rendent visite. Mes voisins aussi pensent que je suis une personne comme les autres, que j’ai d’autres familles et je suis considérée. Cela a pris beaucoup de temps.

Finalement, nous sommes un couple exceptionnel. Parce qu’avant on ne s’entendait pas. Mais maintenant nous nous entendons très bien et nous avons construit une famille. 

Ce fut vraiment un grand combat mais nous y sommes arrivés.”

Photographie © Chris Schwagga

Dans le prochain épisode, l’histoire de Vestine et sa fille Ancille

Anne Pastor

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