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EPISODE 6 : LES REUNIONS THERAPEUTHIQUES

Godelieve Mukasarasi, fondatrice de SEVOTA nous explique comment elle a imaginé les exercices.

“ils nous ont été inspirés par des guides spirituels mais aussi par les femmes elles même. J’inventais les techniques (nous n’avions aucune référence scientifique) et je les essayais. Je souhaitais, et j’en étais fière, puiser dans la culture rwandaise comme la danse et le chant qui peuvent devenir des exercices d’autoguérison. L’objectif est de remplacer le mauvais pour le bon. ¨Par exemple, les chants et en particulier les refrains reconstruisent, les refrains apportent la paix intérieur”. Et c’est pareil pour la danse.

Quand on danse, on danse l’amour, on danse la paix, on danse la cordialité et çà transmet de bonnes choses, améliore son humeur et donc touche le cerveau et le coeur en créant cette cordialité entre femmes.

De même les exercices de Taping qui viennent de Suède. Il s’agit de taper avec ses doigts sur les points sensibles de ses mains ou de son visage…pour sortir de la colère, sortir de la tristesse, sortir de la culpabilité et faire entrer les énergies positives. Il y a un proverbe rwandais qui dit “ce qui est dans le coeur se voit dans la bouche et même dans les yeux”.

Et quand on a cette sérénité, on peut être en bonne santé et entreprendre des actions. On peut aussi éviter le traumatisme transgénérationnel.

Pour certaines femmes ça fonctionne vite, c’est une autoguérison rapide. Pour d’autres, ça peut prendre des années.

Je donne des conseils à chaque femme et chacune a sa manière continue la lutte contre les violences faites aux femmes, contre l’impunité, la résilience de l’état de bien être , moral spirituel corporel. Je leur donne l’occasion de bien s’habiller et de montrer à la communauté qu’elles ont changé, qu’elles ne sont plus des victimes. Elles sont survivantes et il y a des énergies et des outils pour se reconstruire et reconstruire le couple et la communauté rwandaise.

Mais les femmes guéries transmettent leur expériences à celles qui tardent à guérir. Et sauf que pendant la période de commémoration du génocide au mois d’avril, où les femmes guéries piquent des crises d’angoisse parce qu’elles ont des souvenirs du passé néfastes. Elles savent gérer, la plupart du temps, les autres femmes qui n’ont pas encore suivi le parcours de guérison. Et le fait de parler de ses problèmes aide la personne à guérir. Se mettre ensemble pour dialoguer, s’exprimer, sort la personne de la solitude.

Quand ton frère te fait du mal, il ne faut pas lui faire du mal, il faut lui faire du bien.

La rencontre se finit toujours par la danse. c’est comme un remède qui guérit l’âme et le corps en même temps, le coeur, le cerveau aussi.

Le sourire guérit, la bonne parole guérit, bien que j’ai vécu presque les mêmes problèmes je dois leur montrer que je suis avec elles, en tout cas.”

Photographie © Chris Schwagga

Dans le prochain épisode l’histoire de  Christine et de sa famille qui se sont reconstruits grâce aux réunions Sevota.

Anne Pastor


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