';
Princesse Lucaj : de la résilience au combat en Alaska

A travers son engagement environnemental, la princesse Lucaj fait entendre les voix autochtones de l’Alaska en faveur de l’action climatique. 

“Dénoncer la pollution, l’extraction, le colonialisme et l’inégalité en Alaska”

Originaire et membre de la tribu Gwich’in d’Alaska, après son baccalauréat, Princesse Lucaj (Daazhraii Johnson) obtient une maîtrise de l’Université d’Alaska Anchorage en éducation environnementale et scientifique. Sa prise de conscience environnementale a lieu lors d’une visite à Los Angeles et aux La Brea Tar Pits, où  elle découvre les puits de pétrole et les “toxines déterrées, jusque là profondément enfouies dans le sol”. Déconcertée, elle décide de se battre et de  vivre en harmonie avec l’environnement. C’est alors que Princess Lucaj s’engage et appelle à “la responsabilité des uns envers les autres, de la terre et de tous les êtres vivants”. Elle co-fonde le mouvement Fairbanks Climate Action Coalition dont elle est aujourd’hui l’ambassadrice.  Créé en novembre 2015, l’ACFC  regroupe les habitants de Fairbanks pour dénoncer la pollution, l’extraction, le colonialisme et l’inégalité, tout en valorisant la culture autochtone, sa résilience et sa force d’adaptation.

Sauver l’Arctic National Wildlife Refuge

En Alaska, l’industrie pétrolière et gazière est un véritable enjeu, qui représente plus des trois quarts des revenus du gouvernement.  En premier lieu, sur la plaine côtière de l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR). Cette zone pourrait contenir jusqu’à 16 milliards de barils de pétrole brut et de gaz naturel récupérable. Le problème ? La plaine est le lieu de naissance et de refuge des troupeaux de caribous Porcupine, qui représentent beaucoup pour le peuple Gwich’in : il s’agit de leur moyen de subsistance mais aussi au coeur de leur cosmogonie comme l’explique Princess Lucaj « nous avons une relation spirituelle avec le troupeau qui remonte à des milliers d’années« .

Le refuge est aussi un enjeu de pouvoir politique. Il est défendu comme un atout pour la sécurité économique et nationale par les membres républicains du Congrès et les présidents qui sont favorables au forage. Une pression qui s’accentue avec les difficultés économiques subies par  l’Alaska aujourd’hui. « Nous sommes dans une telle crise fiscale, et les législateurs s’accrochent aux pailles parce que le pétrole a toujours été la réponse à tout« , s’alarme -t-elle.

Néanmoins, la résistance se crée et se renforce. Princesse Lucaj a déclaré que la mobilisation des Sioux contre le pipeline Dakota Access dont la construction a été suspendue en Juillet 2020, a été un catalyseur pour  tous les mouvements écologistes à travers le pays; permettant de faire entendre les voix autochtones qui appellent à la protection et à la reconnaissance de la terre Mère.

Ainsi, ce conflit entre forage pétrolier et gazier et lieu de vie des Gwinch’in menace à la fois le mode de vie de ces derniers, de leurs terres, tout en exacerbant la crise climatique et ses conséquences pour l’humanité toute entière. La lutte pour la protection de la plaine dure depuis des décennies et ne semble pas être sur le point de s’achever.

 Princesse Lucaj appelle à la mobilisation internationale.

Il en va de leur survie et de la nôtre.Pour plus de précisions sur son combat, Princesse Lucaj est à l’origine de l’essai « We are the Arctic », une anthologie de voix de la région de l’ANWR, publié par Mountaineers Books.

En terre indigène