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Olympe de Gouges, à l’origine du féminisme ?
Olympe de Gouges (1748-1793). ELODIE BOUÉDEC


Au XVIIIe siècle, une femme mène un combat féministe et avant tout humaniste. Frondeuse et ennemie de toutes les exclusions, Olympe de Gouges prône toute sa vie durant des réformes novatrices, qui devront attendre le XX° siècle pour voir le jour : instauration du divorce, abolition de l’esclavage et de la peine de mort, création de maternités, …

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune » exhorte Olympe de Gouges. C’est à Montauban qu’est née Marie Gouze, que rien ne prédestinait à devenir la première féministe française. Sans doute la non-reconnaissance de son père légitime et son veuvage à l’âge de 17 ans ont-t-ils été les déclencheurs de ce désir et de cette liberté d’expression ? « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l’amour » fut sa réponse à la demande d’engagement de son riche amant.

Issue de la petite bourgeoisie, elle reçut une éducation traditionnelle et rudimentaire avant de venir à Paris, mener une vie mondaine et apprendre le français correct (sa première langue était l’occitan). C’est à ses 20 ans qu’elle décida de changer de nom et de se consacrer aux Lettres, abordant des sujets aussi tabous que novateurs.

Parmi ses écrits engagés pour la cause des femmes, on citera l’une de ses pièces, écrite comme une suite au Mariage de Figaro, dans laquelle elle dénonce le mariage forcé des filles et plaide pour l’émancipation féminine. « L’’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements»déclare-t-elle.

En 1791, alors âgée de 43 ans, Olympe de Gouges publie une brochure radicalement féministe avec sa désormais célèbre « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne », pendant polémique de la Déclaration de 1789. Elle y dénonce l’oubli des droits fondamentaux des femmes : droit de vote, de propriété notamment. Elle y enjoint également les femmes à défendre leur cause : « O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé ».

Victime de ses prises de position contre les manquements de la Révolution, Olympe de Gouges sera la deuxième femme guillotinée de l’histoire de France, après Marie-Antoinette. « Elle voulut être homme d’Etat, et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice qui semble avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe » rappelle la Feuille du salut public du 27 Brumaire an II.

Son œuvre, constituée de quelque 70 romans, pièces de théâtre, pamphlets et manifestes sont une chronique de la Révolution Française. “L’acte fondateur d’un féminisme qui ignorait encore son nom et fut relégué aux oubliettes” selon Myriam Perffeti, journaliste de Marianne

Défendue depuis des années par les personnalités politiques féministes, de Ségolène Royal à Anne Hidalgo qui la considère comme une des grandes inconnues de l’Histoire, « une référence, pionnière du féminisme », elle était en lice pour entrer au Panthéon. Une volonté de parité et une reconnaissance qui semblaient justes pour l’une des premières femmes à avoir revendiqué l’égalité au prix de sa vie. Néanmoins, son buste sculpté est entré à l’Assemblée Nationale en 2016.

Marion Fichet

En terre indigène