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« Le respect, ça se manifeste », le slogan des Amérindiennes ce 8 mars 2019 au Québec
Fanny Wylde, première avocate algonquine
Photographie Delphine Mayeur

Au Québec, 2,3% de la population est autochtone. Et là encore, les femmes y sont malmenées, violentées, voire assassinées. Les chiffres sont édifiants : 80% d’entre elles subissent des violences conjugales et la moitié sont victimes d’agressions sexuelles. Elles sont les grandes oubliées de la société, au Canada, où cette violence a été longtemps impunie. 

En 30 ans, c’est 4 000 Amérindiennes canadiennes, peut-être plus, qui ont été assassinées ou ont disparu. Depuis 2015, la parole s’est libérée avec une commission d’enquête qui leur offre l’espoir de connaître la vérité. A ce jour, 2 386 personnes ont participé au processus de consignation de la vérité alors que le rapport final doit être rendu le 30 avril

« Une femme autochtone qui n’a pas vécu de violence, c’est l’exception » témoigne Fanny Wylde, première  avocate algonquine du Québec. Victime et fille de victime, originaire de la communauté de Pikogan, elle a choisi cette profession pour défendre les femmes autochtones. Aujourd’hui, elle parcourt le Canada pour aider les familles à témoigner dans le cadre de cette commission d’enquête nationale sur les femmes disparues et assassinées. Fanny a entendu plus de 60 familles C’est l’engagement de toute une vie en tant que femme et autochtone.

Mais Fanny Wylde entend aussi jouer un rôle pour enrayer ce fléau de violences… car si les sentences tombent, ils n’empêchent pas la récidive. Alors Fanny prône une justice réparatrice. En effet, les communautés autochtones appliquent un système de justice millénaire qui privilégie la réparation à la punition. Un système où l’on prend soin des victimes et des accusés. Fanny Wilde a accompagné l’installation d’initiatives de ce type dans 31 communautés autochtones du Canada. Le taux de récidive réduit de moitié et a inspiré la mise en place de programmes de justice restauratrice en Europe. Depuis 2014, la France propose une trentaine de programmes similaires.

En terre indigène