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Laila Suzanna Vars : Avocate Same des droits humains et Expert Arctique sur les droits des peuples Autochtones

Fille et petit-fille de militants activistes, Laila a pris conscience très tôt du sort réservé au Samis. Elle décide de devenir avocate spécialiste des droits humains. Depuis plusieurs années, elle se réjouit  aussi de l’apport des artistes dans le débat public , ils lui montrent le chemin à suivre.

“C’est très unique dans notre société qu’il y ait cette connexion entre les artistes et les politiciens, les avocats”

Je n’ai pas été sur les barricades, mais mon rôle est d’essayer de trouver des façons de mettre en avant les droits humains des samis. L’arme que j’ai choisie est la loi. 

Je pense que ma passion et mon engagement pour la défense des droits humains viennent de mon enfance. Avoir grandi avec mes grands parents, avoir appris d’eux, et avoir vu toutes les injustices subies par mon peuple. 

Je viens de Guaovdageainnu qui est une des rares communautés dans le monde où les autochtones sont majoritaires. 

Mais il y a toujours ces lois rédigées par le parlement national, qui ne tiennent pas vraiment compte de nos traditions. Dans ce village, par exemple, nous avons une tradition de chasse : la chasse aux canards de printemps. Mais nous n’avons pas le droit de la pratiquer de façon traditionnelle. Avec cette loi, beaucoup de gens, surtout les  jeunes, sont très en colère. Il y a cette jeune artiste qui a réalisé une installation devant le commissariat de police du village. Elle a aussi imprimé le paragraphe 108 qui est notre amendement constitutionnel  protégeant les droits samis. C’était une protestation. C’est sa façon d’exprimer la colère que beaucoup de gens ici ressentent. C’est une autre bataille des Samis qui veulent maintenir leur mode de vie traditionnel. 

Je pense que c’est très important d’avoir ce genre d’artistes qui osent parler, donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Les artistes sont toujours devant et montrent le chemin aux politiciens. 

C’est là que le mouvement des artistes samis est une contribution tellement importante au combat pour les droits humains en arctique. Cette voix est tellement bruyante que ce n’est pas possible aux parlementaires norvégiens, suédois et finlandais de ne pas les écouter. Ils y sont obligés. 

On voit dans ce  mouvement de nouveaux jeunes artistes qui contribuent vraiment aux discussions politiques.

C’est important et inspirant, pour nous aussi les avocats des droits humains.

Les artistes ont beaucoup à offrir, là où nous les avocats n’avons pas tous les outils. Nous sommes bons pour œuvrer au développement de nouvelles lois. Mais les artistes nous rappellent d’où nous venons et  il  est important de ne jamais l’ oublier.

Ils peuvent aussi s’exprimer d’une autre manière, que  nous ne pouvons nous permettre, ni les politiciens qui sont très cadrés. 

Je crois que c’est unique dans notre société d’avoir cette connexion intime entre les artistes, les politiciens et les avocats, et de travailler ensemble. 

Surtout les artistes  font bouger les lignes et l’installation de Maret  Anne Sara devant le parlement norvégien pendant l’audience de son frère à la Cour Suprême en est l’illustration., La vision des crânes de rennes devant notre parlement, là où sont créées les lois de ce pays, a fait prendre conscience aux gens du sort réservé au samis.Ils ont compris l’injustice qu’elle ressentait. C’était un message très fort. 

En sami, nous avons ce dicton : “le progrès est fait avec des pas d’oiseaux”. Je pense que le peuple sami survivra, tant que nous aurons ces capacités de création ainsi que ce puissant mouvement politique. 

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En terre indigène