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La journée « Conférence » du 10 décembre 2018 à l’Inalco

Le 10 décembre 2018 l’association En Terre Indigène organisait à l’Inalco à Paris une conférence internationale à l’occasion du 70e  anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, de la femme et de l’enfant, avec le soutien de la Fondation CHANEL pour la promotion des femmes et des jeunes filles.

C’était le lancement du site « la voix des femmes autochtones » https://femmesautochtones.com  qui présente des portraits de femmes exemplaires dont la manière d’être, d’agir et de penser le monde est un laboratoire d’idées pour demain.

Cette journée à l’Inalco s ‘est déroulée en deux temps : la conférence et les ateliers.

Le matin à 11h30, dans l’Auditorium, la conférence organisée sous la forme d’une émission de radio, animée par Anne Pastor, a présenté le parcours de quatre femmes autochtones.

Fanny Wilde, première avocate algonquine

Victime et fille de victime, Fanny Wilde est devenue avocate pour défendre les femmes des communautés autochtones. Son combat ? Les violences conjugales qui concernent 80% des femmes indigènes du Canada, les agressions sexuelles, le féminicide. Fanny Wilde est la première femme avocate autochtone du Québec. Elle veut un jour pouvoir dire à sa fille que « ce n’est pas parce qu’elle est autochtone qu’elle doit subir la violence. ». Originaire d’une communauté algonquine au nord-ouest de Montréal, elle a parcouru des milliers de kilomètres à travers le Canada pour aider des familles à témoigner dans le cadre de la commission d’enquête nationale sur les femmes disparues et assassinées. Elle officie aussi comme procureur dans les cercles de justice des communautés autochtones qui prônent une justice réparatrice. L’empathie, la compassion, la soif de justice animent Fanny dans sa lutte pour briser le cercle de la violence.

Françoise Caillard, une femme kanak en colère

C’est à l’adolescence que Françoise Caillard a pris conscience de la discrimination des Kanak et particulièrement des femmes kanak de Nouvelle-Calédonie. Ces dernières subissent huit fois plus d’agressions sexuelles qu’en métropole, un triste record. Native de l’île de Maré, dans l’archipel des Loyauté en Nouvelle Calédonie, Françoise milite pour défendre la condition et le droit des femmes de sa communauté. Elle bataille pour l’obtention de l’eau courante pour des familles vivant dans un squat comme pour améliorer l’indemnisation, dans le statut coutumier, des femmes victimes de violences.  Ce statut, elle ne le remet pas en cause, elle qui appartient au clan « Seriwo » et reste profondément attachée à son identité Kanak. Elle veut seulement « que les femmes vivent mieux. ». Présidente de l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie, créée en 1999, elle a lutté pour la légalisation de l’avortement et l’instauration de la parité en politique. Françoise Caillard sait que rien n’est jamais acquis. L’image de sa mère vivant au bord d’un caniveau a hanté son enfance et nourri sa révolte pour faire respecter les droits des femmes.

Fatima Tabaamrant, une poétesse amazighe engagée

Une jeunesse marquée par les brimades et un mariage forcé à l’âge de 15 ans ont forgé le caractère combattif de Fatima Tabaamrant, dans les montagnes de l’Anti-Atlas au Maroc. La volonté de préserver la culture amazighe et d’aborder les problèmes sociétaux a surgi plus tard. Devenue une raïssa (une chanteuse) reconnue, celle qui écrit aussi ses textes, réalise que son art est une arme d’émancipation massive. Protection de la langue, chômage des jeunes, corruption, place de la femmes… Ses poèmes chantés brisent les tabous et transforment ses concerts en meetings politiques artistiques. Icône de la chanson amazighe, elle se produit dans des festivals au Maroc et à travers le monde. L’enseignement de la langue amazighe lui tient à cœur. Elle défendra cette cause durant son mandat de parlementaire entre 2011 et 2016. Aujourd’hui, Fatima poursuit sa carrière de chanteuse militante et inspire une nouvelle génération d’artistes engagés comme Khadija Arouhal.

Khadija Arouhal Tililly, une nouvelle génération de féministes

Originaire du village de Mirleft dans le sud Maroc, l’engagement pour l’émancipation des femmes  de Khadija Arouhal  est né d’un arrachement. Celui d’un poème collé au tableau, écrit par ses soins en tifinagh, l’alphabet amazigh qu’elle appris toute seule, alors qu’elle est collégienne.

Depuis, elle a pris la décision de n’écrire qu’en tifinagh et de défendre son identité. Cette femme pétillante suit la voie ouverte par Fatima Tabaamrant.

Dans ces poésies parfois subversives, elle aborde des sujets tabous comme l’amour, l’immigration clandestine, la condition de la femme ou la religion. Elle ne cesse de clamer la liberté  et l’émancipation de la femme au risque de déplaire aux islamistes.

Sa  poésie est à la fois création, sagesse et mode de contestation. Elle appelle à la résistance . Son surnom n’est-il pas Tililly, qui signifie femme libre amazighe ?

Cette conférence est à revoir sur https://vimeo.com/306658103

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