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La Camerounaise Djaïli Amadou Amal dénonce le mariage forcé dans un livre sélectionné au prix Goncourt

Les voix qui dénoncent les mariages forcés et les violences conjugales sont de plus en plus visibles. Le roman de la Camerounaise Djaïli Amadou Amal Les Impatientes, qui retrace le parcours de trois femmes victimes de violences, en est le témoin. Il est en lice pour le prix Goncourt 2020.

Le silence qui entoure les mariages précoces, forcés et les violences  faites aux femmes autochtones se brise toujours davantage. La tchadienne peule Hindou Oumarou Ibrahim et Jane Meriwas,  une Samburu, Nalantei Leng’ete Massai toutes deux  originaires du Kenya, en font le cœur de leur combat. Le roman Les Impatientes, de la Camerounaise et peule Djaïdi Amadou Amal, sélectionné pour le prix Goncourt 2020, apporte un témoignage supplémentaire. Il aborde le sujet des mariages précoces et forcés, la polygamie et le viol conjugal au Cameroun. Car si la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifié en 1989, fixe l’âge minimal du mariage à 18 ans pour les filles et les garçons, celle-ci n’est pas respectée dans le pays. Les jeunes filles peuvent légalement être mariées dès l’âge de 15 ans avec l’accord d’un parent. Dans son rapport de 2016, l’UNICEF a estimé que 13% des filles camerounaises sont mariés avant 15 ans et 38% à avant 18 ans. La situation des femmes est particulièrement préoccupante dans le nord du pays, où a grandi l’autrice. C’est dans cette région que les trois héroïnes du roman évoluent.

 Ces trois femmes vont refuser de se conforter aux règles. Alors que Ramla subit un mariage forcé avec un homme d’un cinquantaine d’année, Hindou, sa sœur, est mariée à un cousin alcoolique et drogué. Safira se voit imposer une co-épouse, qui n’est autre que Ramla, plus jeune que sa propre fille.Des histoires largement inspirées du propre parcours de l’autrice. Aujourd’hui âgée de 45 ans, elle a été mariée à 17 ans par ses oncles à un homme âgé de plus de 30 ans de plus qu’elle. Maire de la ville, il a utilisé son influence politique pour forcer le mariage. Comme l’une des héroïnes de son roman, Djaïli Amadou Amal a eu le courage de partir pour pouvoir retrouver son indépendance et poursuivre ses rêves. Militante féministe, elle est aujourd’hui à la tête de l’association « Femmes du Sahel » et se bat pour l’éducation des femmes. Cette sélection au prix Goncourt va permettre de donner de la visibilité à ces problématiques, encore peu connues en France.

Pauline Fricot

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