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EPISODE 6 : LES AGRICULTEURS INDONÉSIENS EN PREMIÈRE LIGNE CONTRE LA DÉFORESTATION


En ce 5 juin, journée mondiale de l’environnement, les agriculteurs Indonésiens continuent leur combat contre la déforestation et les géants de l’huile de palme. 

La destruction des forêts tropicales a augmenté de 150% au mois de mars, pendant l’épidémie de Covid-19, a annoncé le WWF dans un communiqué pour la journée mondiale de l’environnement, le 5 juin. Les forêts d’Indonésie ont payé le plus lourd tribut avec une perte de 130.000 hectares. Et les autochtones sont en première ligne dans le combat contre la déforestation. Leur territoire ancestral couvre 40 millions d’hectares de forêt, soit près de la moitié du couvert forestier mondial encore vierge. C’est dire que l’avenir du poumon vert de l’Indonésie, si précieux pour la planète, est peut-être entre leurs mains.

Mais aujourd’hui, l’Indonésie est surtout le premier producteur et exportateur mondial d’huile de palme. Résultat, la troisième forêt tropicale du monde est encore plus menacée que l’Amazonie. Elle a perdu 24 millions d’hectares entre 2001 et 2017, soit le territoire du Royaume-Uni, et chaque minute, on déboise une surface équivalente à six terrains de football. Pointés du doigt, les géants de l’huile de palme et d’hévéas (pour le caoutchouc), l’industrie agro-alimentaire, l’industrie de la pâte à papier et les agrocarburants.

Et dans tout le pays, les premières victimes sont les communautés autochtones, soit 170 millions de personnes. En particulier, celles qui vivent dans la forêt. Pourtant, un décret de 2012 précise que leurs forêts relèvent du droit coutumier et un projet de loi de protection des peuples et leur habitat est à l’étude depuis 2018. Mais aucune cartographie officielle de l’Indonésie ni de ses forêts n’a été dressée depuis l’indépendance en 1945. Ce flou fait le jeu des compagnies qui violent les droits fonciers des autochtones et de ceux qui ont migré vers des territoires vierges d’Indonésie. 

Vers une révolution agricole écologique

Alors, ensemble, les agriculteurs luttent et imaginent de nouveaux modèles agricoles inspirés des savoirs traditionnels autochtones. Le village de Piondo, dans le district de Toili, est devenu l’épicentre de la résistance. Depuis 10 ans, les paysans se battent ensemble contre une compagnie d’huile de palme. 

En 2011, quand celle-ci a tenté de s’implanter sur leurs terres. Les agriculteurs ont fait appel à Eva Bande en tant que la médiatrice. Condamnée à quatre ans de prison après une manifestation pacifique, elle  est devenu l’insoumise de l’huile de palme. Et aujourd’hui, elle continue son combat. Pour elle, l’agroécologie est, non seulement “une réponse aux industries extractives”, mais aussi “une forme de lutte pour les droits de l’homme et la nature”.

A ses côtés, les paysans réclament des certificats de droits fonciers coutumiers et proposent, dans le cadre des programmes de réforme agraire de l’État, un nouveau modèle d’agriculture écologique inspiré de leurs savoirs ancestraux. Ils ont réintroduit des plantations maraîchères, du riz biologique, du curcuma et du gingembre, aujourd’hui commercialisé dans tout le district. Que du bio pour contrer les palmiers à huile. 

Retrouvez le portrait d’Eva Bande sur La Voix des femmes autochtones.

Crédit photo : Emlington

Océane Segura

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