';
EPISODE 3 : LE FOYER PU O TE HAU

Le foyer Pu o te Hau accueille les femmes polynésienne en détresse depuis 30 ans. Minarii Chantal Galenon, la présidente du Conseil des Femmes, rêve d’un projet d’extension.

Dans la banlieue de Papeete, le foyer Pu o te Hau existe depuis 1993. Les victimes de violences conjugales ou intrafamiliales et leurs enfants peuvent y séjourner trois mois, le temps de se reconstruire. Jusqu’à 40 personnes y sont hébergées dans douze chambres. Minarii Chantal Galenon, présidente du Conseil des Femmes, explique : “Quand elle sont en détresse, il faut qu’elles aient un endroit où elles peuvent se réfugier. Ce centre leur permet d’être en sécurité. Souvent quand elles arrivent, elles peuvent dormir trois jours.”

Les barreaux devant les fenêtres les protègent et elles reprennent confiance à travers des activités comme le jardinage, la cuisine, les cours de self-défense ou la couture. Elles ont même créé des masques en tissu pendant la pandémie de Covid-19. Les enfants, eux, peuvent bénéficier d’aide aux devoirs et d’ateliers théâtre. “Ensuite, on a la phase de reconstruction. Cela passe par le dialogue, la discussion  avec des psychologues, quelques fois des médecins.” Puis, peu à peu, se met en place un projet de vie personnel. 

L’équipe de 12 salariés, gérés et rémunérés par le Conseil des Femmes, les accompagne en toute humilité 24h sur 24, 7 jours sur 7, dans leurs démarches de travail, de formation et de recherche de logement. “L’objectif du Conseil des Femmes est de favoriser leur autonomie économique pour qu’à l’avenir elles puissent créer des petites entreprises familiales.” 

Leurs victoires sont silencieuses, à l’image de ce bâtiment aux murs roses, où il règne un parfum de sérénité. Pour Minarii Chantal Galenon, “lorsque les femmes sortent du centre elles sont reconstruites. Chacune d’elle nous laisse une histoire qui nous émeut, qui nous marque. On ne peut pas rester sans émotions.”

En 2018, le centre a accueilli 185 femmes et 288 enfants, mais près de 140 femmes et enfants ont quand même dû être refusé.e.s. “Nous sommes victimes de notre succès, certaines femmes sont sur une liste d’attente.” C’est pourquoi, un projet d’extension est en cours.

“Nous avons réfléchi à une extension du centre avec le soutien de l’Etat et du Pays.”

L’objectif est de pouvoir accueillir plus de personnes en détresse mais aussi de créer un dialogue entre les générations avec la création d’une unité pour les femmes retraitées. La transmission de savoirs et d’expérience sera intégré dans la thérapie de reconstruction des femmes.

Minarii Chantal Galenon a également à coeur de créer un lieu pouvant accueillir des conférences, rassembler des associations et vendre l’artisanat des femmes. “Il faut mettre en avant l’économie solidaire car elles sont créatrices de beaucoup de produits : des pots de confiture, des pâtisseries, des paniers ou des Tifaifai.” Pour les femmes ayant besoin de plus de temps pour se reconstruire, un dernier bâtiment recevra les plus longs séjours dans des petits studios indépendants. 

Ce projet ambitieux de 165 millions de francs recevra l’aide du Pays, d’autres financements sont encore recherchés pour le mener à bien.

Cette extension du centre Pu o te Hau est très importante pour la présidente du Conseil des femmes. Elle pourrait permettre de se reconnecter aux belles valeurs polynésiennes. “Ce n’est pas dans l’esprit polynésien l’individualisme. L’esprit polynésien, c’est la communauté, être ensemble pour réussir des projets. C’est se dire que sans la communauté, sans solidarité, on ne peut pas réussir”. 

A suivre dans l’épisode 4 : Le portrait de Mahina

Crédit photo : Danee Hazama

Avec le soutien d’Air Tahiti Nui

Océane Segura

Comments
Share
En terre indigène