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En Guyane, une nouvelle étude alarmante sur les taux de suicide chez les jeunes amérindiens

“Jusqu’à 8 fois plus élevés” qu’en France métropolitaine, selon l’étude (réalisée entre 2007 et 2018) publiée par Santé publique France. 

Et chez les communautés Teko et Wayampi, dans la commune de Camopi et dans le village reculé de Trois Sauts, le taux de suicide atteint même “137 cas pour 100 000 habitants par an”

Un phénomène lié aux conditions de vie difficiles des Amérindiens. Depuis plusieurs années, ils survivent dans une indifférence générale. Les autochtones sont les grands oubliés de la République Française et ont le malheur de vivre sur un territoire convoité pour ses ressources minérales. Ils sont victimes de l’orpaillage illégal, ce qui crée un climat de violence et d’insécurité.

Aussi, en devenant français en 1969, les Amérindiens ont perdu leur mode de vie traditionnel et leur savoir. Ils font alors face à une double culture qu’ils n’ont pas choisie. Aujourd’hui, ils sont en perte de repères. L’alcool et la drogue rongent les corps et les esprits, d’où le taux de suicide supérieur à la moyenne nationale. 

Et ce mal-être profond touche aussi les plus jeunes et ce, dès l’entrée à l’école. En Guyane, les apprentissages ne sont pas adaptés aux enfants Amérindiens, qui doivent suivre à la lettre les programmes de l’Éducation nationale. Et souvent, faute de collège, les enfants doivent aussi quitter leur village dès l’âge de 11 ans pour aller à l’école sur le littoral : un changement brutal. Sur place, le manque de structures adaptées, la discrimination et la solitude sont aussi à l’origine de l’échec scolaire

C’est pour y remédier que des initiatives exceptionnelles ont été mises en place. La plasticienne et conteuse, Ti’iwan Couchili, première femme Teko sculptrice sur bois s’est engagée auprès des jeunes en intervenant en milieu scolaire. A travers les ateliers d’art plastique qu’elle organise, les enfants et les adolescents se reconnectent à leur culture et à leur identité amérindienne et reprennent confiance en eux. 

“A travers le dessin j’invite les enfants à découvrir les symboles amérindiens comme par exemple des petits ronds qui représentent le pied du jaguar. Notre culture n’est pas perdue mais il faut la retrouver”, explique Ti’iwan Couchili. 

Par ailleurs, en mars 2021, La voix des femmes autochtones se rendra en Guyane pour animer une série d’ateliers avec les enfants du collège de Camopi. Une valise à histoire sera ainsi réalisée avec les élèves de 6ème. Cette valise du patrimoine renfermera des objets, des sons, des dessins, des textes recueillis ou écrits en classe sur la culture amérindienne et est appelée à voyager de classe en classe. Les élèves de 3ème, quant à eux, réaliseront un podcast des identités. Après l’apprentissage des fondamentaux radiophoniques, les adolescents seront invités à recueillir des témoignages et à réaliser des reportages sur le thème de la culture et de l’interculturalité.

Crédit : Patrick Bard

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