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Chez les Badjaos, les femmes dirigent les échanges

Sous l’objectif de Pierre de Valombreuse, les femmes Badjao s’affichent dans un quotidien où leur parole, libre et primordiale, assure le lien entre les familles. 

Qu’elles campent debout sur un bateau au milieu d’une partie de pêche ou jettent un regard vif et déterminé sur l’objectif, les femmes Badjao sont les premiers sujets d’un magnifique ouvrage de Pierre de Vallombreuse paru aux éditions de Juillet, publié en partenariat avec l’ONG Survival International France. Depuis 1986, le photographe sillonne le monde et s’engage pour le respect et la représentation de nombreux peuples autochtones. Méconnus et menacés, les Badjaos présentent un mode d’organisation dans lequel la femme joue un rôle social de premier plan. En 2015, dans un livre portant sur “ces sociétés où les femmes sont libres”, Pierre de Valombreuse documentait déjà les tâches essentielles dévolues aux femmes badjaos qui, titulaires de la parole publique, échangent des informations entre les différentes maisonnées, contrôlent la distribution et le partage des produits. 

Les Badjaos, “nomades de la mer”, sont des marins-pêcheurs en perpétuel mouvement, qui naviguent non loin des Philippines et de l’île de Bornéo. S’ils sont relativement tolérés par les pays riverains, leur survie est aujourd’hui menacée par les trafics illicites en tous genres dans la région, l’arrivée du terrorisme islamique et la pénurie de poissons due à la pêche industrielle. Entre les “bateaux-maison” traditionnels qui réunissent des dizaines de familles, les femmes assurent des liens indéfectibles et indispensables au fil de l’eau. Dans Badjao, on les découvre, fascinantes, dans des dizaines de portraits magnétiques, en noir et blanc.

En terre indigène