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EPISODE 2 : UNE HISTOIRE DE FEMMES

Le foyer Pu o te Hau accueille les femmes polynésienne en détresse depuis 1993. Si cet endroit permet à tant de personnes de se reconstruire, c’est grâce à trois femmes qui ont marqué son histoire.

A propos de la Fondatrice Tuianu Legayic (1922-1995)

Tuianu Legayic est une figure emblématique en Polynésie. Pionnière de l’engagement féminin en politique, elle était la troisième femme à siéger dans l’hémicycle de l’Assemblée Territoriale en s’engageant auprès de Gaston Flosse en 1972. Onze ans plus tard, elle marquait encore les esprits à Papara en devenant l’une des  premières femmes maire.  

Très engagée dans la défense des enfants défavorisés, Tuianu Legayic a mis en place l’opération cartable à chaque rentrée scolaire de Papara. Mais, son plus grand combat était en faveur des femmes démunies et isolées.

En 1970, elle était la toute première présidente du Planning familial. Quatre ans plus tard, elle créait la première association féminine de Papara, Tiare Rau. Avec l’envie de rassembler, en 1982, elle fondait le Conseil des Femmes, devenu depuis une institution. A sa tête, elle a pu inaugurer la première journée mondiale de la femme en 1983 mais aussi faire construire le premier centre d’hébergement d’urgence pour les femmes en difficultés,  Pu o te Hau.


A propos de la présidente du Conseil des Femmes Minarii Chantal Galenon

Originaire de l’île de Tahiti, élevée dans les valeurs traditionnelles polynésiennes “de respect, de partage et de solidarité”, Minarii Chantal Galenon découvre, à l’âge de 15 ans, l’histoire de sa grand-mère. “Aujourd’hui tout ce que je vis c’est grâce au prénom que je porte Minarii : Petit Amour, le prénom de ma grand-mère qui était une femme battue.”

Elle cherche à comprendre pourquoi ces femmes oubliées, invisibles, sont devenues les souffre-douleur d’une société qui ne se reconnaît plus. “Trois  femmes violentées par jour c’est grave. Il faut absolument combattre cette violence, s’entraider, s’engager.” Elle décide alors de devenir enseignante, puis directrice d’école. Pour elle, l’éducation est la clef pour défendre, valoriser et respecter les femmes.

En parallèle, Minarii Chantal Galenon s’engage en politique. Elue représentante à l’Assemblée depuis 2008, elle se présente pour la première fois en tant que tête de liste aux élections municipales de Papeete en 2020. Depuis 25 ans, elle incarne la résilience et le réveil des femmes polynésiennes. “Les femmes ont leur mot à dire, les femmes doivent être défendues, les femmes doivent être entendues et surtout, elles doivent être respectées pour ce qu’elles sont.” Minarii Chantal Galenon se bat pour leurs droits et accompagne la détresse de certaines. Elle préside l’association Vahine Piri Rava et, depuis 2014, le Conseil des Femmes de Polynésie qui gère le centre d’hébergement d’urgence Pu o te Hau.


A propos de la directrice Rowena Tuhoe

Depuis 2018, Rowena Tuhoe est directrice du Centre d’hébergement d’urgence Pu o te Hau. Un parcours semé d’embûches l’a menée à ce poste. 

Après une enfance “très heureuse” et des études à Auckland, elle revient au Fenua pour être professeur d’éco-gestion. Mais la naissance de son fils va complètement bouleverser sa vie. Elle décide de devenir femme et mère au foyer. Rowena Tuhoe entre alors dans le cercle des violences conjugales verbales et psychologiques. Elle explique à Femmes de Polynésie : “Je suis montée à 120 kilos, je n’avais plus de vie sociale et je m’étais recroquevillée sur moi.” Elle est “détruite intérieurement”.

Mais en 2016, elle choisit de se séparer de son compagnon. Avec l’aide de sa famille, la jeune femme se reconstruit. “Je ne pouvais pas rester la femme que j’étais devenue et donner cette image à mon enfant.”

Rowena Tuhoe postule au poste de directrice du Centre Pu o te Hau deux ans plus tard. Depuis, elle accompagne les femmes en difficultés dans ce havre de paix de la banlieue de Papeete. Pour elle, l’important est que les femmes victimes de violences retrouve confiance en elles. “L’important c’est d’aimer. Soi d’abord, en retrouvant l’estime et la confiance en soi, puis l’autre, ensuite. ‘Tu es belle !’ Tous les jours, j’aime dire ça aux femmes du Centre. Et c’est vrai.”


A suivre dans l’épisode 3 : Le foyer Pu o te Hau

Crédit photo : Danee Hazama

Avec le soutien d’Air Tahiti Nui

Océane Segura

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