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Une indigène à l’Académie des Oscars


L’Académie des Oscars vient de publier la liste des 819 nouveaux membres invités à rejoindre ses rangs. Parmi eux, Yalitza Aparicio, la première autochtone conviée. 

Alors qu’il est souvent reproché à l’Académie des Oscars d’être trop masculine et trop blanche, l’année 2020 semble être sous le signe de l’ouverture. C’est ce que laisse penser la liste des 819 nouveaux membres invités à rejoindre la prestigieuse Académie, publiée mardi 30 juin. 45% des cartons d’invitation de cette année sont envoyées à des femmes et 36% à des personnes de couleur.

Pour la toute première fois, une actrice autochtone figure également sur la liste. La jeune indigène mexicaine de 26 ans, Yalitza Aparicio, a été révélée dans Roma lui valant d’être nominée pour l’Oscar de la « meilleure actrice ». Elle était aussi la première autochtone à faire la une de l’édition mexicaine et latino-américaine de Vogue dans un pays où les membres des Premières Nations sont souvent invisibles.

Les Indiens au cinéma

L’invitation de Yalitza Aparicio à l’académie des Oscars a lieu presque 50 ans après l’inoubliable intervention de Sacheen Littlefeather venue refuser l’Oscar décerné à Marlon Brando pour son rôle dans « Le Parrain » de Francis Ford Coppola, le 27 mai 1973. Lorsque le nom du lauréat avait été prononcé, c’était la jeune femme qui s’était avancée face à Roger Moore et Ingrid Bergman pour prononcer quelques mots.

 

« Bonjour, mon nom est Sasheen Littlefeather, je suis une apache et je suis la présidente du  comité national d’information des autochtones américains. Je représente Marlon Brando ce soir. Il ne peut malheureusement pas accepter cette généreuse récompense et la raison pour cela c’est le traitement des Indiens d’Amérique aujourd’hui par l’industrie du film, à la télévision ou au cinéma…. »

Marlon Brando disait en suspens que la communauté cinématographique était plus responsable que quiconque de la dégradation de la condition des Indiens en se moquant systématiquement des personnages qu’ils incarnaient sur grand écran. Un message fort sur la condition des indiens au cinéma en 1973 trop souvent décrits comme sauvages, hostiles et démoniaques…

50 ans plus tard, Sylvana Opoya rêve elle aussi d’un Oscar. Cette jeune amérindienne de Guyane est revenue dans son village natal de Taluhwen, sur le fleuve Maroni, après ses études en lettres modernes à l’Université de Cayenne. Elle est intervenante en langue maternelle mais elle veut être actrice. Elle est actuellement en tournée avec une pièce de théâtre avec le collectif GdRA sur sa double culture amérindienne et française, qui lui est si chère.

Aujourd’hui, elle jongle entre ses deux identités et s’en invente une nouvelle, singulière et universelle.
Retrouvez son portrait sur la Voix des Femmes Autochtones

Crédit photo : UN Photo/Jean Marc Ferré

Océane Segura

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