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Samai Gualinga : La nouvelle génération de la résistance autochtone en Equateur

Samai, fille du leader historique José Gualinga et de Sabine Bouchat, dirige aujourd’hui le service communication de la communauté de Sarayaku. Elle entend bien jouer, à son tour, un rôle de résistante avec de nouveaux outils comme la radio, Instagram et le dessin animé pour raconter l’histoire de son peuple, de sa lutte et son avenir.

“Internet nous rend plus fort”

Samai veut dire la respiration et le souffle du chaman en kichwa .

Gualinga est le nom de famille de mon père qui descend de la lignée du jaguar et du puma. 

je suis fière d’être la fille de deux parents, qui ont lutté pour le bien de la communauté. 

La lutte est notre héritage. A mon tour aujourd’hui de poursuivre le combat.

Sarayaku est mon peuple, Sarayaku est ma vie. 

Depuis mon enfance, j’ai suivi le chemin de mon père* José Gualinga est un leader historique de la résistance indigène. J’ai  supporté les rumeurs et les tentatives de déstabilisation de la part des compagnies pétrolières comme le jour où la radio a annoncé sa mort mais j’ai aussi participé dès l’enfance à toutes les réunions.

Le combat est dans mes gènes.

Les femmes de Sarayaku m’ont beaucoup influencé parce qu’elles sont très fières de défendre leur forêt,  leur culture, leur vie, et leurs enfants. 

Aujourd’hui c’est à mon tour; je prends la relève pour que ma fille puisse continuer à vivre librement sur ce territoire et que mon peuple soit bien.

C’était parfois difficile de trouver sa place dans une communauté où “tout le monde autour de toi est très puissant et où toute la famille est leader” .

Mais c’est devenu une évidence : j’ai la même vocation de protéger et de défendre Sarayaku mais mon arme est la technologie, la communication et  le multimédia.

J’ai toujours considéré que si on reste sans rien dire, les compagnies pétrolières vont gagner, mais dès lors que tu te bats, que tu as des appuis qui mettent la  pression sur les entreprises pétrolières, elles ne peuvent pas continuer impunément à vouloir exploiter notre territoire.

Dans cette stratégie, Internet nous aide beaucoup.

Nous avons créé une page web, puis Facebook, Twitter, instagram, youtube…

Dès qu’il se passe un événement, une actualité, nous postons mais nous montrons aussi à travers des photos et des videos la vie quotidienne de Sarayaku qui existe depuis des millions d’années. Le public est touché et comprend pourquoi nous voulons protéger notre territoire . 

Cette initiative est la nôtre, et non celle des ONG qui imposent une manière de vivre, de penser et de lutter.  

Cette lutte est la nôtre et nous savons comment protéger notre territoire. C’est ce que nous voulons  montrer au monde et en ce sens, la communication digitale est une arme très importante. Sarayaku est aujourd’hui connu dans le monde entier.

Nos leaders doivent continuer aussi à nous partager leurs expériences et leurs stratégies. L’objectif est de créer une radio communautaire et d’enregistrer leurs témoignages pour que les nouvelles générations puissent suivre le même chemin et que les jeunes puissent apprendre à valoriser la richesse mais aussi la lutte du peuple de Sarayaku. 

L’un ne va pas sans l’autre.

C’est très important d’avoir beaucoup d’espaces où l’on peut entendre notre voix. 

Chacun peut se sentir plus connecté avec les jeunes, les anciens, les leaders et tous ceux qui nous écoutent.

Je pense que nous avons bien mis à profit cet outil d’ internet, ce qui n’est pas le cas dans toutes les communautés. Cela nous rend plus fort.

Aujourd’hui je participe à un projet d’échange entre les jeunes et les femmes d’Amazonie du Pérou et d’Equateur pour la conservation des forêts et des territoires. Notre expertise en matière de résistance et de communication a valeur d’exemple dans toute l’Amérique latine.

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