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Mina Setra : Une lanceuse d’alerte en Indonésie

La Secrétaire générale des affaires culturelles et sociales de l’association Aman en Indonésie, a créé un média citoyen et imagine des stratégies originales pour défendre les droits fonciers et humains des autochtones: mettre la pression sur le gouvernement par des posts.

Je m’appelle Mina Susana Setra, je viens de la communauté Dayak Pompakng, dans Kalimantan-Ouest de l’Indonesie. Je suis née dans un village qui avait une très belle forêt et des rivières claires mais désormais, les terres sont devenues des plantations de palmiers à huile et les habitants ont perdu leur identité.

A sa création en 1999, j’ai rejoint Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN regroupe 20 millions de membres) pour lutter en faveur des droits des peuples. Nous avons contribué  en 2013 à faire changer la loi de 1999 sur les forêts autochtones, qui ne sont plus aujourd’hui considérées comme des forêts d’État et actuellement nous mettons tout en œuvre pour modifier le projet de loi sur les droits fonciers qui tente de voler les terres coutumières.

En attendant, nous défendons ceux qui, en tentant de protéger leurs territoires, sont arrêtés et emprisonnés. En 2019 nous nous sommes occupés de 170 affaires.

Dans la lutte, nous avons imaginé des stratégies multiples et originales.option

Comme nos ennemis maîtrisent une technologie sophistiquée, nous devons faire de même. Alors nous sommes sur les réseaux sociaux (WhatsApp et Facebook…) et nous utilisons notre propre application Amanwhapps afin que le gouvernement ne puisse pas censurer nos publications.

Lorsqu’un cas d’accaparement des terres se produit, une arrestation d’un membre d’une communauté autochtone ou l’attaque d’un villageois, nous diffusons les numéros de portable des décideurs et des autorités sur Facebook et demandons à tout notre réseau d’envoyer des messages sur WhatsApp etc.  

C’est une pétition en ligne et en direct que chaque individu signe. De telle sorte que le message n’est pas considéré comme un canular.

En réalité, le but est de mettre la pression sur le gouvernement. 

Avec ce type de message, nous essayons de prévenir la violence, les arrestations, et de privilégier le dialogue .

Pour nous, il y a eu une avancée ces dernières années, car nous parvenons à parfois collaborer avec le gouvernement et c’est un progrès . 

Mais il a fallu s’organiser et affirmer notre présence. Nous avons ainsi créé 21 bureaux régionaux, 119 bureaux locaux, 2 institutions autonomes, 3 agences d’économie…. Ainsi sommes nous devenus crédibles et le gouvernement a fini par nous intégrer au processus de décision.

Je pense que les communautés autochtones du monde entier doivent s’organiser pour résister aux gouvernements qui violent les droits des peuples autochtones. 

C’est la seule alternative.

J’espère qu’un jour, AMAN n’existera plus; parce que les communautés auront été reconnues, leurs droits  seront respectés, elles seront souveraines, indépendantes et dignes.

On pourra alors rentrer au village et vivre de nouveau en communauté.

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En terre indigène