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Les femmes congolaises, victimes de violences sexuelles extrêmes

En République Démocratique du Congo, les femmes sont les premières victimes des conflits armés qui ravagent le pays depuis plus de 20 ans. 

26 908 femmes congolaises violées entre janvier et juin 2020, selon la représentante d’ONU Femmes en RDC. Ces violences sont le résultat de l’instabilité qui règne dans le pays. Depuis 1996, de nombreux conflits armés sévissent en Afrique subsaharienne. Notamment en République Démocratique du Congo, où depuis la fin des années 1990, une dizaine de groupes armés souvent manipulés par les Etats voisins – Ouganda, Rwanda et Burundi – se livrent à des guerres incessantes. Le président congolais Félix Tshisekedi ne parvient pas à rétablir l’autorité dans l’est du pays, au Kivu, plus durement touché par les attaques. 

En 2018 déjà, on comptait plus de 500 000 femmes victimes de violences sexuelles dans le pays en 20 ans. Pendant les conflits armés, les femmes “sont dans la majorité des cas, les premières victimes”, explique Pulchérie Nomo Zibi, directrice de “Femmes, sécurité et développement”. Et elles sont surtout victimes de violences sexuelles extrêmes. En République Démocratique du Congo, le viol est devenu une véritable stratégie de terreur et une arme de guerre. 

Culture de la violence et du viol

Ce climat de violence a entrainé dans le pays et dans la région l’installation d’une culture du viol, expliquée par l’impunité quasi totale des auteurs de ces crimes, selon l’ONU. Au delà de la portée stratégique du viol, les hommes se pensent de plus en plus autorisés à violer les femmes. Les femmes, terrorisées, sont alors contraintes au silence. Pour le spécialiste de la RDC, Thomas Turner, il existe une « culture de la violence », plus générale et qui a émergé pendant les décennies de violence liée au conflit armé. S’y ajoute également une « culture du viol », sévissant dans toutes les sociétés patriarcales. 

La culture du viol en RDC trouve aussi ses racines dans son histoire coloniale. Le pays étant une ancienne colonie belge. “Les souvenirs et les témoignages vifs de la violence grotesque et spectaculaire infligée aux Congolais décrivent des atrocités sexuelles similaires à celles qui ont eu lieu dans le conflit actuel dans l’est de la RDC”*. Ces formes coloniales de violences sexuelles sont ainsi le berceau de l’horreur qui continuent de sévir dans le pays.

Pour briser le silence sur ces viols, la voix de femmes survivantes de l’est de la RDC s’est élevée dans le film Sema, réalisé par Macherie Ekwa Bahango. Le film, écrit et joué par les survivantes, revient sur leurs histoires, la stigmatisation et les nombreuses séquelles qu’elles ont vécu. Ces femmes appartiennent au mouvement des Survivantes de violences sexuelles en RDC, qui rassemble des victimes et survivants de la violence sexuelle de guerre. Le mouvement est soutenu par la Fondation Mukwege. Sema est aussi un moyen de sensibiliser le public sur le viol utilisé comme arme de guerre dans les conflits armés. Une tribune pour ces victimes qui n’ont que rarement accès à la parole. 

Mélanie Costa

Le film est accessible gratuitement sur Youtube : 

Crédit : Affiche du film Sema

* Sexual Violence in the Congo Free State: Archival Traces and Present Reconfigurations de Charlotte Mertens

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