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Les femmes autochtones s’affranchissent et s’émancipent

A l’occasion du 25ème anniversaire de la Conférence de Pékin, la secrétaire générale et ambassadrice Delphine O se prépare à accueillir les femmes du monde entier, dont les autochtones, lors du Forum Génération Egalité en France, en juin 2021 pour faire le point sur l’avancée des droits des femmes.

Aujourd’hui, les femmes sont 238 millions sur 476.6 millions de personnes autochtones et représentent environ 3% de la population mondiale. Mais être femme et autochtone, c’est subir plus de violences et de discriminations que les autres. Une sur trois est violée au cours de sa vie, selon ONU Femmes. Mais, c’est aussi se battre pour le respect de ses droits et pour faire entendre sa voix. Certaines femmes sont ainsi devenues de véritables modèles d’émancipation et de résistance. Elles ont trouvé de nouveaux moyens d’agir contre les oppressions et de lutter contre les injustices, en proposant des alternatives dans les domaines de l’éducation, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou encore de la justice.

Mais elles continuent d’être victimes de violences systémiques, notamment en raison du colonialisme, qui a déstabilisé les cellules familiales et modifié les rapports et les rôles entre les sexes, en introduisant le patriarcat. Par exemple, au Canada, la Loi sur les Indiens de 1876 accorde aux natifs un statut inférieur, entraînant de nombreuses discriminations dont des violences. Des actes passés longtemps passés sous silence.

Depuis 2015, les révélations sur des milliers de femmes disparues et assassinées au Canada ont permis de libérer la parole des autochtones. “Les autochtones ont été victimes d’un génocide qui vise particulièrement les femmes”, conclut le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.*

Les femmes kanaks subissent huit fois plus de violences

 Mais les violences à l’égard des femmes autochtones se traduisent différemment en fonction des pays et des continents. En Afrique, par exemple, elles sont culturelles, comme c’est le cas de l’excision et des mariages précoces et forcés. Le taux de mutilation génitale féminine, dans certaines communautés kenyanes, est très élevé. Il est estimé à 86% pour les Samburu et 78 % pour les Masaï, selon l’IGWIA en 2019. Le gouvernement du Kenya s’est engagé dans une campagne “zéro mutilations génitales féminines” d’ici 2022. 

En France, à l’occasion du Grenelle sur les violences conjugales, le gouvernement a, lui, promis à la Nouvelle Calédonie de faire des violences faites aux femmes une cause nationale. Les femmes kanaks subissent huit fois plus de violences physiques et sexuelles que les femmes de la métropole. Aujourd’hui, la société kanak est en transition et apprend à vivre ensemble au sein des valeurs de la République. 

L’entrepreneuriat des femmes autochtones se développe

Depuis peu, les femmes d’Amérique latine se réveillent et manifestent leur colère dans les rues, comme par exemple au Mexique, où les amérindiennes ont rejoint les manifestations contre les féminicides et prennent part à de nombreux combats. 

Depuis 25 ans, partout dans le monde, les femmes autochtones s’élèvent et dépassent leur statut de victimes. Elles sont même aux avant postes dans leur communauté. Leur présence dans les sphères politique, médiatique et économique illustre leur émancipation. Mais l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, en 1995, n’est pas suffisante*. 

Les autochtones se sont alors réunies autour d’organisations comme le forum international des femmes autochtones (FIMI), un réseau de femmes leaders d’Asie du Sud, d’Afrique et des Amériques, afin d’avoir une force de frappe plus importante. En Afrique, l’entrepreneuriat des femmes ne cesse de s’étendre comme au Congo. L’Union pour l’émancipation de la femme autochtone accompagne les pygmées dans la promotion de leur artisanat. 

Lors du Beijing +25 Forum Mondial des Femmes en Juin 2021, à Paris, les femmes autochtones pourront, elles aussi, participer et faire le bilan de ces 25 dernières années de lutte. Le forum lancera de nouvelles actions pour l’autonomisation des femmes. L’objectif : atteindre l’égalité entre les sexes avant 2030. 

* L’enquête nationale s’est penchée sur les causes des violences faites aux femmes et aux filles autochtones au Canada.  Entre 1980 et 2012, 1 181 cas de meurtres et de disparitions d’Amérindiennes ont été déclarés à la police, selon la Gendarmerie royale du Canada. Plus d’un millier de familles et de survivants se sont exprimées.

* Selon le Forum internationale des femmes autochtones dans l’étude globale sur la situation des femmes et des filles autochtones à l’occasion des 25 ans de la déclaration de Beijing.

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