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EPISODE 1 : LES SARAYAKUS D’EQUATEUR FACE AU CONFINEMENT ET AUX INONDATIONS

Photo d’Eriberto Gualinga

“Lors de la minga que nous avons fait la semaine passée pour récupérer le matériel de la maison, vous pouvez le voir c’est un désastre. Rien que de la terre, base de tout pour recommencer” Samai Gualinga, kichwa de la communauté Sarayaku en Equateur.

En juillet 2018,  les indiens kichwas de Sarayaku déposaient à Quito la déclaration de la  Selva vivante et demandaient son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco. 

Selon leur cosmogonie, la terre, le cosmos, les êtres humains, les animaux, la flore, les pierres, les montagnes, les lacs forment un tout. Dans ce tout, il y aussi les êtres vivants de la forêt qui sont invisibles. C’est pourquoi la forêt doit être protégée, au même titre que les êtres humains. 

Ils entendent aussi proposer une alternative pour réduire les conséquences du réchauffement climatique grâce au Sumak Kawsay, le bien-vivre en harmonie. Cette philosophie de vie guide la communauté et a valeur d’exemple dans le monde. 

Mais aujourd’hui,  ils sont en état d’urgence . Dans la matinée du 17 mars dernier, les trois rivières principales de Sarayaku ont subitement débordé, affectant de manière tragique toute la population : des maisons entières emportées, les réserves alimentaires détruites, des animaux domestiques disparus, les piscicultures et les champs dévastés, le centre de santé rempli de boue, des classes d’écoles rasées, des chemins impraticables, la piste d’atterrissage inutilisable, l’unique pont entre les deux rives arraché, les installations d’eau potable effondrées et encore bien d’autres dégâts.

Samai, fille du leader historique José Gualinga et de Sabine Bouchat, dirige aujourd’hui le service de la communication de la communauté. 

C’est par le Web que les kichwas lance un appel.

Elle poste des photos sur la page Facebook “Sarayaku, defensores de la Selva” et envoie ce message par messenger :

Merci de donner et prendre de nos nouvelles.

En plus du confinement pour le coronavirus et des inondations on nous avait coupé l’internet. Une antenne qui ne fonctionnait plus sur Quito! Ça refonctionne depuis lundi 13 avril.

En ce qui concerne le coronavirus, l’Equateur est pas mal touché. D’après les chiffres qu’on veut bien nous donner, il y aurait 8.200 cas positifs et 400 morts. A Guayaquil c’est l’hécatombe, le virus se mêle à la misère des gens des rues. Il y a des morts dans la rue que personne ne veut toucher!!

Dans la province de Pastaza ou il y a environ 83.000 habitants, il y a 17 cas de coronavirus et jusqu’à présent 2 morts.

A Sarayaku on espère que le virus n’arrivera jamais car il ferait des ravages. Vu la vie fort communautaire et la traditionnelle chicha mastiquée par les femmes et servie dans des bols que chacun se partage, toute maladie à Sarayaku se transforme vite en épidémie.

Le Conseil de Gouvernement de Sarayaku a interdit l’entrée à toute personne de l’extérieur. Il n’y a que quelques unes qui comme nous (moi dirigeante et ma maman responsable de projets) peuvent faire l’aller retour de Puyo mais avec le maximum de précautions et une seul fois durant le confinement.

Les inondations nous ont laissés dans une situation bien triste et de désolation. Certains sans maison (20 maisons ont disparu dont la nôtre) , d’autres avec des maisons mais toutes vides et dans des états critiques, et 80% du village n’ont plus de champs qui sont nos moyens de subsistance avec la chasse et la pêche. Nous en avons au moins pour un an à nous remettre. 

Le collège, Tayak Wasi, Sasi Wasi, les centres éducatifs de Chontayaku et Shiwakucha sont totalement détruits.

A cause du confinement, les étudiants du monde entier et du pays étudient par Internet . Ceux de Sarayaku et des autres peuples et communautés indigènes de l’intérieur de l’Amazonie n’ont plus cours et je ne sais pas comment ont va rattraper ce retard au niveau scolaire.

C’est dur de combiner le confinement et les inondations.

On a plus nos champs et en plus on ne peut pas aller à Puyo  (à 4 heures de pirogue) pour faire des achats.

Beaucoup de familles de Sarayaku se sont retranchées dans leur tambos (zone en pleine forêt à environ un jour du centre de Sarayaku) où ils vivent de chasse de pêche et de cueillette. Ils fuient le virus comme ils l’ont fait face à la rubéole au temps de la colonisation! Si on découvre un seul cas de coronavirus à Sarayaku, on ira tous au tambo, ça c’est certain.

Oui, c’est dur à vivre. Papa, maman et moi, on a pris le risque de venir à Puyo pour faire des achats pour la famille et le village. Mon père ne retournera pas à Sarayaku. Il reste sur Puyo pour aider les autres peuples indigènes dont il est le représentant au niveau du canton. Ça aussi, ça va être une autre épreuve : la séparation, car maman et moi on rentre à Sarayaku jusqu’à ce que tout se calme….et ça peut durer!

Nous avons reçu des appuis financier grâce aux amis et familles qui vivent en Europe et aux USA. Avec ces fonds, nous assurons l’achat et le transport de vivres vers le village.

En espérant des temps meilleurs, je vous embrasse bien fort. A distance, c’est encore permis !

Faites bien attention à vous.

Samaï

PS : Pour nous appuyer, vous pouvez nous envoyer des fonds sur le compte de la « Casa Nicaragua » en Belgique

Plus d’info: info@casanica.org

Cette inondation sans précédent est due au dérèglement climatique et à la déforestation en amont. Alors que Sarayaku est sur tous les fronts pour freiner le changement climatique depuis de nombreuses années, ils ont aujourd’hui plus que jamais besoin du soutien de tous.



Nous appelons tous les alliés, amies et amis de Sarayaku et de leur cause à se mobiliser pour soutenir les gardiens de la Forêt Vivante!100% des dons iront à Sarayaku – déduction fiscale à partir de 40€ sur le compte de l’asbl ADI (Belgique) – Iban: BE95 0000 3947 5158 et BIC: BPOTBEB1 avec la communication « SARAYAKU »

N’hésitez pas à relayer et à soutenir, selon vos moyens, bien sûr. La solidarité doit être comme le virus qui nous afflige, sans frontière. Prenez soin de vous, prenons soin de tous. 

https://www.facebook.com/defensoresdelaselva/videos/916142815523191/video de Gaku responsable des relations internationales de la communauté de Sarayaku en Equateur.

La voix des Femmes autochtones vient de recevoir ce message très émouvant de Paty Gualinga, l’ambassadrice des droits de la nature de la communauté Sarayaku d’Equateur et l’un des portraits de la plateforme. http://femmesautochtones.com/

Aujourd’hui la communauté est victime du Covid19 et des inondations.
Elle pourrait disparaître si nous ne les aidons pas.
« Des jours très difficiles, je remercie Dieu que nous surmontons à la maison, angoissés en regardant mon vieil père se battre pour sa vie je me suis mis à penser que de jour après jour les communautés vivent silencieusement le reépidémie de dengue, sans le savoir en pensant que quelque chose de mal Il se passe en soupçonnant que le Covid est peut-être arrivé dans les communautés, mais pas d’analyse, certains personnes âgées meurent, le minimum à faire c’est des tests et chercher des solutions, mais sûrement pour demander cela c’est affronter un appareil d’État sourd qui ne se soucie pas de la La vie des communautés. » 

Anne Pastor

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En terre indigène