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La Voix des Femmes Autochtones : un laboratoire d’idées pour demain

A l’occasion de la journée internationale des peuples autochtones, découvrez le long combat pour l’émancipation et l’autonomisation des femmes jusqu’à devenir des modèles.

Qu’elles soient Amérindiennes des États-Unis, Kichwas d’Equateur, Peules du Tchad, Sames de Norvège ou Kanakes de Nouvelle Calédonie, elles sont nos mères, nos sœurs, notre passé et notre avenir. En charge des ressources, de l’éducation, de la culture et de la transmission de la langue, elles sont aux avant postes dans les communautés autochtones. Pourtant elles ne sont pas reconnues comme elles devraient l’être et doivent encore se battre pour gagner leur place, alors même qu’elles sont plus de 238 millions soit 3% de la population mondiale.

Mais “être femme et autochtone est une double peine” comme le souligne Hindou Oumarou Ibrahim, Présidente de l’Association des Femmes Peules autochtones du Tchad (AFPAT) . Quand elles ne sont pas tout simplement considérées comme “ des citoyennes de troisième classe. C’est subir plus de violences et de discriminations que les autres. Une sur trois est violée au cours de sa vie, selon ONU Femmes. Mais, c’est aussi un combat pour le respect de ses droits et pour faire entendre sa voix. 

Aujourd’hui encore ces femmes sont victimes de violences systémiques, notamment en raison du colonialisme et de la domination, qui ont déstabilisé les cellules familiales et modifié les rapports et les rôles entre les sexes, en introduisant le patriarcat. 

Par exemple, au Canada, elles ne jouissent pas des mêmes droits et sont les plus pauvres des pauvres et les plus vulnérables. Elles sont 5 fois plus victimes de violences que les autres femmes. Des actes longtemps passés sous silence. Mais depuis 2015 et les révélations sur des milliers de femmes disparues et assassinées, la parole s’est libérée. Si le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a conclu à un véritable génocide, et a emis des recommandations, des mouvements de femmes autochtones se sont mobilisées et proposent des alternatives pour enrayer ces violences comme le retour à une justice arctique millénaire plus réparatrice que punitive.

Sur tous les continents des voix s’élèvent contre toutes les atteintes des droits humains, des  violences qu’elles soient historiques ou culturelles comme les mariages précoces forcés et l ’excision. En afrique, Le taux de mutilation génitale féminine (MGF) dans les communautés est encore très élevé comme chez les Samburu au Kenya (86% )ou  chez les Massais(78%)* selon l’IGWIA en 2019.  Le gouvernement du Kenya s’est engagé dans une campagne “zéro mutilations génitales féminines” d’ici 2022, il s’appuie sur un réseau d’associations féminines qui ont imaginé  des alternatives comme le rituel de passage alternatif sans mutilation tout en préservant la culture. Près de 20.000 jeunes filles Masaï au Kenya ont été sauvées en dix ans.

C’est la revanche des femmes autochtones. 

Depuis 25 ans, Les femmes autochtones, reprennent en main leur destin et tentent de dépasser leur statut de victimes pour gagner leur place dans tous les domaines qu’ils soient politiques, économiques, juridiques, médiatiques ou environnementaux.

Dès la première conférence sur les droits des femmes en 1995 à Pékin, elles ont créé le forum international des femmes autochtones (FIMI), un réseau de femmes leaders d’Asie du Sud, d’Afrique et des Amériques.

Si elles sont encore discriminées si elles n’ont pas encore toutes accès au foncier, à l’éducation, à un système de santé et au monde du travail, l’émancipation et l’autonomisation des femmes  autochtones est en cours (exemples à donner)?

Elles sont aussi nommées à des postes à responsabilité comme en témoigne en 2021, l’élection d’Elisa Loncon à la présidence de l’assemblée constituante au Chili ou celle de L’inuit Mary Simon au poste de gouverneur général au Canada.

C’est la revanche des femmes autochtones.

Certaines d’entre elles sont devenues avocates, d’autres écoféministes, économistes, géographes, professeures, artistes ou tout simplement militantes. 

Leurs actions et leurs engagements sont des modèles singuliers, universels et inspirants.

Elles nous montrent une autre manière d’être et de penser le monde; que ce soit la gestion collective de la propriété privée, la pratique de la démocratie, l’éducation, l’économie, la nature. 

Ce qu’elles ont à nous offrir est une leçon de résilience, d’humanité et d’espoir pour construire ensemble un monde plus respectueux des droits des femmes, plus solidaire et plus durable.

Enfin, elles nous interrogent sur nos systèmes et notre réflexion sur l’humanité durable, notre unique défi à tous.

Aujourd’hui, des frontières se brisent, de nouveaux réseaux s’établissent, des rêves s’accomplissent. 

L’autre est à portée et devient acteur de sa propre histoire et par là même de la nôtre.

Alors peut-être est-il temps aujourd’hui d’écouter, d’échanger avec elles et de construire un futur ensemble ? 

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En terre indigène