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La menace d’un mégaprojet d’oléoduc sur les terres ancestrales des Amérindiens
Standing Rock par Tony Webster, 2016

Aux Etats-Unis, les Sioux se battent contre un projet d’oléoduc géant qui menace leur approvisionnement en eau et les terres sacrées de leurs ancêtres. 

Le « Dakota Access » est un nouvel oléoduc à 3,7 milliards de dollars, traversant 4 États sur près de 1.900 km, destiné à évacuer le pétrole de schiste extrait du Dakota du Nord vers l’Illinois. Présenté comme moins dangereux que le transport en train, le pipeline est raccordé à un autre oléoduc pour alimenter les raffineries du golfe du Mexique. L’inquiétude concerne les inévitables fuites de ce gros tuyau censé transporter environ 500 000 barils de pétrole par jour. Pour cette raison, le tracé a été déplacé plusieurs fois, évitant finalement la capitale pour être réalisé sur la terre d’une tribu préemptée en 1958, sans son consentement. « Les concepteurs de l’oléoduc nous ont sacrifié » s’insurge un jeune artiste Sioux, de la réserve indienne de Standing Rock. Des fuites qui menaceront à coup sûr l’agriculture, les réserves d’eau potable et tout un écosystème (des nids d’aigles d’Amérique aux plantes médicinales en passant par la culture du riz sauvage), sans parler des 18 millions de personnes vivant en aval de la rivière.

La bataille menée a eu pour point de départ l’eau de la rivière Missouri en avril 2016, jugée sacrée par les Lakota : « Mni wiconi » signifie « l’eau c’est la vie » dans la langue autochtone. Le mouvement contre le Dakota Access Pipeline (appelé noDAPL) a été lancé par un groupe de femmes autochtones venues prier au-dessus du pipeline qui se rapprochait de plus en plus des eaux sacrées de la rivière. Un camp de fortune a alors été monté, appelé Sacred Stone Camp où plusieurs milliers de manifestants pacifiques, dont les représentants de 200 tribus, sont venues les rejoindre au fil des mois. A notamment été mise en évidence l’absence d’étude d’impact environnemental global de ce mégaprojet. Le milieu universitaire ainsi que des célébrités (Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo) se sont engagés pour donner du poids aux requêtes des militants, faisant de Standing Rock l’un des hauts lieux de protestation et de demande de justice environnementale. « Il y a un aspect positif à tout cela, c’est que nos jeunes trouvent un rôle à jouer dans la protection de notre communauté. Nous ne sommes plus de pauvres Indiens, nous avons retrouvé de la force » explique Nataanii Means, membre de la communauté des Sioux.

En vain puisqu’après arrêt du projet sous Obama, le pipeline a été largement soutenu par le gouvernement Trump depuis. Aujourd’hui, les militants dénoncent les pollutions générées par les énergies fossiles et interpellent les banques qui financent leur exploitation (pour certaines françaises). « Le tableau est donc bien plus large que la seule bataille contre le DAPL, il s’agit de s’orienter vers une économie sans énergie fossile, de protéger l’eau pour les générations futures » explique Kandi Mosset, dont nous vous présenterons le portrait dans les prochains jours.  

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En terre indigène