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Femme et autochtone, une double peine en Nouvelle-Calédonie
Fara Caillard, présidente de l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie
Photo de Delphine Mayeur

Collectivité d’Outre-Mer française, la Nouvelle-Calédonie est un territoire où il ne fait pas bon être une femme Kanak. C’est une double marginalisation qu’elles doivent affronter. La Nouvelle-Calédonie détient un triste record : celui des violences physiques et sexuelles faites aux femmes : 8 fois supérieures à celles en métropole.

Discriminés par les colons depuis leur arrivée en 1853, les Kanaks représentent 39% de la population calédonienne aujourd’hui. Près de la moitié d’entre eux vit aujourd’hui en dehors des tribus, ce qui engendre une grande précarité. 

Premières victimes, les femmes, qui de surcroit sont soumises aux droits coutumiers, encore très conservateurs à certains égards. Si 1 femme Kanak sur 8 a subi une tentative de viol ou un viol avant l’âge de 15 ans, ils sont encore peu punis. Pendant longtemps, ils se soldaient par des promesses de mariage. 

Pourtant, depuis 20 ans les lignes bougent grâce au combat de certaines femmes. Parmi elles, Fara Caillard, présidente de l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie, dont nous avons fait le portrait. Elle se présente toujours comme « une femme en colère », et est de tous les combats féministes. Instauration de la parité en politique, légalisation de l’avortement, son association est également à l’initiative d’un projet de réforme afin de mieux indemniser les victimes de statut coutumier et promouvoir les droits des femmes kanak. 

Parmi les avancées en termes de prévention des violences, celles législatives qui ont permis de d’allonger les délais de prescription de 3 à 6 ans pour les délits et de 10 à 20 ans pour les crimes (pour autant, les lois ne sont pas rétroactives). Quant à la prise en charge, elle sera améliorée avec un centre d’accueil d’urgence des victimes d’agression, inspiré d’un centre similaire à Bordeaux. Médecins, psychologues, assistantes sociales, infirmières et associations d’aide aux victimes y seront rassemblés pour permettre une prise en charge rapide et facilitée. A cela s’ajoute la multiplication des bureaux d’aide aux victimes, ainsi que des foyers d’hébergement spécialisés.

Aujourd’hui en pleine mutation, l’organisation sociale kanak est face à de nombreux défis, et doit apprendre à vivre ensemble au sein de la République française. Le débat sur les violences faites aux femmes, sur la place publique, encourage la nouvelle génération kanak à se mettre également en colère.

Marion Fichet

En terre indigène