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Episode 7 : Le laboratoire des femmes au temps du Covid-19

Face à la pandémie de Coronavirus, les femmes autochtones sont devenues des modèles de résilience et de résistance. Dans leurs communautés, ce sont elles qui sont en première ligne dans la lutte contre le virus. Grâce à leurs savoirs ancestraux, elles imaginent des alternatives et sont un véritable laboratoire d’idées pour demain.

Le Forum des femmes autochtones vient de publier pour le Docip une étude sur le sujet * :

– “l’application des pratiques traditionnelles d’isolement pour éviter la transmission du virus dans la communauté, l’interdiction d’entrée et de sortie de personnes et la fermeture des frontières de la communauté, comme on a pu l’observer au Bangladesh et dans d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Dans certains cas, les femmes ont joué le rôle de garde barrière aux grilles et barricades.”

Face aux difficultés sanitaires, les femmes ont aussi recours à des rituels et des pratiques de guérison qu’elles sont les seules à connaître. 

-”Comme le peuple Kankanaey Igorots de la Cordillère (Ubaya/Tenerw) aux Philippines et Karen en Thaïlande (Kroh Yee). Les femmes de la nation Lakota, aux États-Unis, déclarent qu’elles ont résisté par la prière, les croyances culturelles et les temps de communion au sein de la communauté. L’accompagnement spirituel de diverses organisations les ont aidées à parler de leurs problèmes, restaurer leur équilibre physico-mental et gérer les répercussions de la crise.”

-”De nombreuses organisations déclarent avoir « explorer les traitements médicaux autochtones traditionnels pour trouver des remèdes naturels de prévention et de traitement du coronavirus », qui, dans le cas des femmes Amazigh et Gbagyi au Maroc, et d’autres peuples d’Asie, d’Afrique, des États-Unis, d’Amérique latine et des Caraïbes, dérive de leur relation avec les territoires, la vision du monde, et l’environnement. Elles utilisent différents éléments des plantes, du feu, de l’eau, du sel, du savon noir, des épices, des bulbes, des racines et des écorces pour la stérilisation, la désinfection et la purification des aliments et pour les rituels de bien-être du corps et de l’esprit, y compris des inhalations et fumigations pour la purification des maisons d’une manière écologique et sécurisée.” 

C’est aussi ce que les femmes de la communauté des Kichwas de Sarayaku, en Equateur, ont fait. Faute de médicaments, elles ont utilisé la médecine traditionnelle autochtone. Grâce à leurs connaissances de la nature, elles ont cherché des plantes pour lutter contre le Covid-19. 

Et les initiatives sont nombreuses. Diana Mori, qui représente les peuples autochtones de la région de Guayaquil au Pérou, a lancé pendant la crise sanitaire une campagne pour relancer et revaloriser les savoirs ancestraux et l’artisanat. Des connaissances qu’il est important de continuer de préserver et de mettre en valeur. 

Ainsi, malgré un taux de létalité trois fois plus élevé chez les peuples autochtones que la moyenne nationale, selon le Docip, les femmes ont su se réinventer et trouver des solutions. 

Plus que jamais, il est temps de les écouter. 

* “L’impact de la Covid-19 sur la vie des femmes autochtones : Résister et nous défendre collectivement” publié par le Docip. https://cendoc.docip.org/collect/upd_fr/index/assoc/HASH01ed/b4bf00a2.dir/Upd115_fre.pdf

Crédit : Tui Anandi

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