Elles sont au collège Paul Suitman en classe de 3ème.

Dans quelques mois elles vont quitter leur village sur la Camopi, à quelques heures de Pirogue de Saint Georges pour se rendre sur le littoral poursuivre nos études.

Ce sera la première fois qu’elles quitteront leur famille. Pour certaines c’est un aller simple, un rêve, pour d’autres une obligation.

C’est un nouveau mode de vie et une nouvelle culture qu’elles vont découvrir.

Ici elle baignent dans la culture traditionnelle.

C’est elle qui les définit…en tant que teko et wayanpi… C’est ainsi que dès l’âge des premières règles, elles passent le rituel du Maraké : un isolement puis une série d’épreuves à passer comme l’application de fourmis rouges et noirs sur le corps qui marque leur passage dans le monde des femmes. Et par la suite dès 14 ans, elles seront mariées.

En même temps ces jeunes filles sont aussi intéressées par cette culture de l’autre monde, qu’elles découvrent grâce au téléphone ou internet. Elles sont la génération de l’entre deux, les enfants de ces deux cultures et veulent témoigner de qui elles sont.

En somme de leur identité…

Certains ont réussi à faire le pont entre les deux mondes et les deux cultures comme Lucien Panapuy du groupe Tekomakan.

Sa musique est issue du rap ou du Hip-hop et ses paroles sont engagées. Leur Clip No Suicide a été vu des milliers de fois. Il a osé parler d’un sujet tabou et c’est bien d’en parler, selon ces jeunes filles qui ajoutent : « peut-être devrait-il recommencer et parler cette fois des moqueries et des viols de jeunes filles dans la communauté. Un sujet dont on ne parle pas et pourtant les vidéos circulent sur les téléphones ».

Ces jeunes filles sont prêtes à libérer leurs paroles et à exprimer leurs souhaits. Et elles le disent haut et fort :

« Différentes de couleur de peau, différentes de culture, différentes de mode de vie, nous partons à Cayenne fort de toutes ses différences

Nous les filles souhaitons réussir pour que nos parents soient fiers de nous.

Nous souhaitons réussir pour faire taire les paroles qui nous font tant de mal.

Nous souhaitons avoir un bon travail et un bon mari qui ne boit pas et ne fume pas.

Nous souhaitons que les violences s’arrêtent

Nous souhaitons être libres et heureuses ».

Leurs voix sont à retrouver bientôt dans « Eképé » le podcast des identités de la classe de 3ème du collège Paul Suitman de Camopi.