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EPISODE 5 : TITAUA PEU, LE REVEIL DES FEMMES POLYNESIENNES


Titaua Peu, féministe et écrivaine,  brise les tabous d’une Polynésie fantasmée dans Pina, publié en 2016. Elle témoigne de la montée en puissance de la voix des femmes dans une société figée socialement et politiquement.  

Cette écrivaine tahitienne née en 1975,  rompt avec l’image fantasmée des femmes et montre l’autre réalité de la société polynésienne dans son roman Pina publié aux éditions “Au vent des îles” en 2016.

Ce roman met en lumière les femmes polynésiennes. Pina défait, à travers les yeux de l’héroïne éponyme, cadette de neufs enfants et âgée de neuf ans, les clichés d’une Polynésie idéalisée, pour y dénoncer toute sa violence, notamment envers les femmes.

Titaua Peu dresse les portraits des membres de cette grande famille qui cumule toutes les misères de la société polynésienne avec une écriture orale et directe. Elle n’en épargne aucun. Auguste, le patriarche est alcoolique et ultra violent. Sa femme, Ma, essuie les coups et les viols sans broncher depuis des années. Pauro, le fils attentionné, découvre son homosexualité quand Rosa, la jolie fille de la fratrie, se prostitue. Enfin, Pina, le vilain petit canard victime d’inceste, a un destin tragique tracé dès le début du roman. Titaua Peu éclabousse le lecteur avec le sang, le sperme et les larmes de ses personnages jusqu’à la pendaison de la petite héroïne qui vient achever sa démonstration sur la brutalité de la société polynésienne. Un dernier espoir subsiste : si ces enfants déchirés par la violence sous toutes ses formes s’entraidaient, peut-être deviendraient-ils des survivants.

L’auteure ose aborder les violences domestiques et dépeint la société polynésienne comme figée, paralysée par les conflits familiaux, sociaux et politiques. Ce roman est caractérisé de “coup de poing”, de “gifle à la face des Polynésiens”. S’il est très bien accueilli par la presse internationale, ce n’est pas le cas en Polynésie où il est décrié.  

Dans son premier roman Mutismes, Titaua Peu dénonçait déjà ce qu’elle qualifie de “mutismes”, dans le milieu familial et dans la société tahitienne, notamment autour de l’absence de discussions autour du passé colonial. 

Ce deuxième roman, Pina, fait scandale en Polynésie et fait parler de lui jusqu’en France métropolitaine. Elle reçoit en 2017, le prix Eugène-Dabit, créé en France, “qui préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité”.

Peu après, Titaua Peu confiait dans un entretien à Télérama, qu’elle se lançait dans un troisième roman. Si la voix des femmes se fait de plus en plus entendre aujourd’hui, l’oeuvre de Titaua Peu s’inscrit dans une volonté de rendre visible leurs souffrances, particulièrement en Polynésie. 

Avec le soutien d’Air Tahiti Nui

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