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Episode 5 : A Camopi, le matrimoine au centre de la transmission des jeunes
Crédit : Patrick Bard

Dans la commune de Camopi, en Guyane française, Ti’iwan Couchili, première femme sculptrice sur bois, intervient en école primaire pour transmettre aux jeunes son savoir-faire. Ces enfants amérindiens viennent des communautés Teko et Wayampi. Mais ils n’ont souvent pas suivi l’enseignement traditionnel et ne parlent pas leur langue. C’est pourquoi Ti’iwan partage ses connaissances à travers des ateliers de peinture. Pour leur redonner confiance en eux.

La voix des Femmes Autochtones et Anne Pastor animeront elles aussi deux ateliers en Mars 2021, mais cette fois-ci auprès des collégiens de Camopi. Une valise à histoires va être créée avec les élèves de sixième et un podcast des identités avec les élèves de troisième. 

Une valise à histoires 

Pour créer cette valise, les enfants vont d’abord écrire des mots se rapportant à leur culture amérindienne, les glisser dans un sac puis en tirer un au sort. Ils vont ensuite enquêter sur ces mots en interrogeant leur famille, leur père, leur mère, leurs grands-parents, ainsi que les anciens et les anciennes de leur commune.

A partir de cette matière, les enfants vont élaborer une valise qui renfermera les trésors de  la culture amérindienne : objets, sons, dessins, textes recueillis ou écrits en classe. La valise est appelée à voyager de classe en classe et à s’étoffer au fil du temps. 

Podcast des identités

Des paroles et des sons pour se raconter.

Les élèves de troisième vont créer un podcast qui leur ressemble, en réalisant des reportages sur le thème de la culture et de l’interculturalité. Pour cela, ils recueilleront des témoignages auprès des artisan.es de Camopi, mais aussi auprès de détenteurs et détentrices des savoirs ancestraux. 

Cette approche, alliant journalisme participatif et art, est une œuvre inédite. Elle est entièrement pensée et imaginée par les élèves avec le concours des habitant.es et des artistes locaux.

Le matrimoine au coeur de la transmission

Ces deux ateliers accorderont ainsi une place importante au matrimoine. Dans ces communautés autochtones, les femmes sont au centre de la transmission des savoirs ancestraux, de la culture et de la langue maternelle. Même si chez les Wayampi, par exemple, la transmission des histoires est traditionnellement attribuée aux hommes, dans la réalité, ce sont les femmes, et surtout les grands-mères, qui racontent les histoires aux enfants.

Ce sont aussi les femmes qui sont chargées de la fabrication des calebasses, qui sont très importantes dans la vie quotidienne des amérindiens. Provenant du fruit du calebassier, les calebasses de cuisine sont ornées de motifs traditionnels et sont utilisées pour servir et boire le cachiri, boisson alcoolisée amérindienne. 

Les femmes s’occupent aussi de la préparation du coton et du tissage. Chez les Teko, par exemple, les femmes portent un tablier “kedju”, qu’elles tissent elles-mêmes. Ce vêtement en coton est constitué d’un tissage de perles. Certaines jeunes filles de Camopi ont déjà pu s’initier à la préparation du coton et au tissage de porte-bébés grâce à des ateliers organisés à l’école et animés par les ancien.nes. 

Le mythe de la poterie

La poterie est aussi une activité exclusivement féminine. Dans le mythe de la poterie, l’argile se présente aux gens comme une femme, Kuliweli, qui fabrique les poteries et les distribue. C’est elle également qui explique les interdits accompagnant la fabrication de la poterie pour les femmes enceintes et les femmes ayant leurs menstrues. Il y a en fait une sorte d’assimilation entre la jarre à cachiri et le ventre maternel, entre argile et matrice féminine”. *

Les artisanes de chaque communauté ont ainsi leurs propres techniques : les femmes Wayampi fabriquent des objets de la vie quotidienne, comme des bols ou des pots à eau, qu’elles décorent puis recouvrent d’une sève végétale brune, nommée tuli pour imperméabiliser les parois. Un art ancestral important chez les amérindiens.

Lors de ces deux ateliers organisés par la voix des Femmes Autochtones, les jeunes collégiens de Camopi pourront ainsi redécouvrir cet héritage qui est le leur, à travers des rencontres avec les artisan.es et les ancien.nes de la commune. 

*https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/b_fdi_47-48/010010224.pdf

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