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Episode 3 : En Guyane, le sexe, encore un sujet tabou

Dans la société guyanaise, le sexe reste un sujet tabou, en particulier dans les cultures Bushingué, Saramaca ou amérindiennes où les parents n’en parlent pas ou si peu. Même à Kourou, cette ville de métissage et de rencontre. 

Pourtant les statistiques nationales d’un français sur dix qui aurait été victime de viol ou de tentative de viol, volent en éclat au regard de leur réalité quotidienne.

Toutes les jeunes femmes du programme de réinsertion par l’art de l’entonnoir Théâtre connaissent une personne qui a été agressée sexuellement ou harcelée. D’ailleurs, en Guyane, 24% des femmes déclaraient leur premier rapport sexuel comme pas « vraiment souhaité » et 6% comme « forcé », termes reposant sur un concept de consentement. En France métropolitaine, ces taux sont respectivement de 17% et de 2%.* 

C’est pourquoi , une rencontre sur le thème »sexualité et consentement » était proposée par Josy Cajuste, une jeune animatrice de 22 ans, et de l’association Ader, qui intervient dans les collèges, les lycées et les associations pour informer les jeunes sur la santé sexuelle et reproductive, prévenir des risques et lever certains préjugés. 

En effet,  les français sont encore 27% à penser qu’un fille habillée en mini-jupe ou portant un décolleté  provoquent les hommes. Et six sur dix estiment que les hommes ont plus de mal à contrôler leurs pulsions que les femmes.

Pourquoi de tels actes ?

Est-ce une question d’éducation, de respect ? 

Le consentement est elle une affaire de sexe ?

Est-ce plus facile de dire non quand on est un homme ou une femme ?

Des questions délicates que les jeunes se posent et pourtant nous n’en parlent pas ou si peu. Parfois entre garçons, ou entre filles mais rarement ensemble.

Pour la première fois avec Josy Cajuste ils en ont parlé pendant trois heures sans jugement, sincèrement. Elle a proposé des jeux de rôle inspirés des techniques du théâtre forum pour qu’ils puissent s’ exprimer spontanément sur le sujet. Grâce à ce jeu, ils ont pris conscience de l’importance d’imposer leur consentement calmement. Ce qui n’aurait peut-être pas été le cas dans la réalité.

Josy a elle-même été victime de violence et a dû apprendre à dire non. Son émotion était visible et cela les a un peu déconcerté mais ils ont compris qu’au-delà du malaise, il était important d’en discuter tous ensemble, de s’écouter même si parfois les avis étaient différents et de dépasser les préjugés.

* Avis sur les violences de genre et les droits sexuels et reproductifs dans les outre-mer du CNCDH

Crédit : Jalen de Triolet

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