';
EPISODE 2 : LA SOLIDARITE DES FEMMES DE VAL D’OR

Les femmes autochtones, à la recherche d’un avenir en dehors de la réserve, sont toujours les plus pauvres des pauvres et les plus vulnérables. Leur refuge est souvent le Centre d’amitié autochtone. Créé dans les années 50, les 107 centres du Québec accompagnent les autochtones urbaines grâce à des programmes de santé, d’éducation, d’emploi, de justice ou de culture traditionnelle.

Le foyer de jour « Chez Willie » accueille et accompagne les femmes en souffrance et les sans-abris. En moins de dix ans, l’itinérance est devenue l’un des maux qui ravage cette ville de 42.000 habitants, avec son lot de préjugés et de racisme. Échouées en ville, ces femmes, qui ont quitté la réserve pour fuir des conditions de vie difficiles ou la violence conjugale, sont en état de survie. 

Alors, pendant la journée, elles peuvent au moins prendre un répit . « Chez Willie » , c’est un peu comme si on était à la maison. L’esprit est communautaire, bienveillant. Le téléphone est gratuit. La parole se libère en toute confiance et l’écoute est attentive. C’est aussi souvent le début d’un soutien de la part du Centre d’amitié autochtone mais depuis le début de la pandémie, “Tous les jours, on est sur la ligne de front! “ a déclaré Edith Cloutier la directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or à la journaliste  Anne-Marie Yvon dans Ici-Canada. 

“Ça nous a amené à pratiquement nous réinventer dans la manière de rester en contact avec la communauté.

Tout a été revu pour répondre aux diverses consignes de distanciation sociale décrétées par la santé publique.

Une chaîne du mieux-être

En temps normal, il faut agir dans cinq lieux d’intervention, dont le centre de jour pour itinérants Chez Willie.

La soixantaine de personnes qui le fréquentent quotidiennement ont été séparées pour en relocaliser certaines temporairement au marché public de Val-d’Or, grâce à la collaboration de la Ville.

Il a aussi fallu intégrer un plan de mesure de protection dans un immeuble de logements sociaux abritant 24 familles autochtones. Éducation et sensibilisation ont été nécessaires pour faire respecter les mesures de confinement.

Le virus se tient loin. Aucune épidémie n’est à déplorer, mais tout est mis en place avec le CIUSSS dans la mesure où il y aurait éclosion dans la population itinérante.

La sécurité publique et la Sûreté du Québec travaillent aussi de concert avec le Centre d’amitié.

Un plan de sécurité alimentaire et une banque alimentaire ont vu le jour. Le plan permet d’offrir des boîtes à lunch aux itinérants, la banque apporte des boîtes de nourriture à des familles, des personnes seules et des aînés.

Ça nous permet d’aller voir comment vont les gens. Ils ont l’opportunité, sur un cadre de porte, d’avoir accès à un service d’intervention quand le besoin est là.

Tous les services d’accès à la justice ont été maintenus. Le téléphone et les applications de visioconférence ont remplacé les rencontres avec une avocate. Le service remanié en contexte de pandémie a tout simplement continué à fonctionner.

Mais tout cela a un coût.

Ottawa a promis 305 millions de dollars pour aider les communautés autochtones . Pour les centres d’amitié, il reste 3,75 millions de dollars à se partager. Au bout du compte, chaque centre reçoit quelques milliers de dollars pour offrir ses services essentiels.

C’est pas qu’on trouve qu’il [le fédéral] en donne trop aux communautés, au contraire, mais c’est qu’on n’en donne pas assez aux milieux urbains, constate Édith Cloutier.

Édith Cloutier rappelle qu’au Québec, 55 % des Premières Nations vivent en dehors des communautés.

Selon elle, les centres d’amitié font la démonstration que sans eux, un pan de la société autochtone au pays serait laissé pour compte.

Si on n’était pas là, conclut-elle, c’est sûr qu’une crise pandémique serait accentuée par une crise sanitaire, sociale, de par les conditions de vie des Autochtones.

Retrouvez son portrait dans la galerie de la voix des femmes autochtones.

Anne Pastor

Comments
Share
En terre indigène