';
En Guyane, un art longtemps réservé aux hommes, préservé par les femmes

​​Issue de la communauté Teko en Guyane, Ti’iwan Couchili en est devenue la première femme sculptrice, en s’appropriant des savoirs-faire jusqu’alors attribués aux hommes. Elle tente aujourd’hui de transmettre ses connaissances pour faire perdurer ces traditions.

Les journées du patrimoine débutent aujourd’hui et se tiendront pendant deux jours sur l’ensemble du continent européen. L’occasion de s’intéresser, pour une fois, au matrimoine.

Ti’Iwan Couchili fait figure de modèle en la matière. Il s’agit de la toute première femme Teko sculptrice sur bois. Celle-ci s’inspire de sa culture traditionnelle et celle d’autres peuples autochtones guyanais, notamment pour créer des ciels de case Wayana, des pièces fabriquées en rondelles de fromager et ornées de peintures représentant les esprits protecteurs amérindiens. 

C’est après avoir écouté le récit d’une vieille dame sur la mythologie de ces ciels de case que Ti’iwan a décidé de se lancer dans cette pratique traditionnellement Wayana. A l’origine, ces pièces étaient uniquement fabriquées par les hommes et les femmes n’avaient même pas le droit de le voir, les femmes enceintes de s’en approcher, et les mamans d’enfants en bas âge d’entrer dans la maison dans laquelle il y avait cet objet. Si cette pratique reste réservée aux hommes chez les Wayanas, les femmes Tekos y ont désormais accès. 

« Tout ce que je sais de la communauté, il faut que je le rende »

Ti’iwan va plus loin pour sauver de l’oubli ces réalisations traditionnelles. Elle tient absolument à transmettre ces savoirs-faire aux jeunes, car « si personne ne les aide, notre culture se perdra”. Cette mère de famille regrette que les enfants ne reçoivent pas d’enseignement traditionnel avant de quitter la communauté, et craint qu’ils ne soient perdus à leur retour.

Elle a donc choisi d’initier les femmes et les jeunes en difficulté aux pratiques culturelles et artistiques de leur communauté, et intervient aussi à l’école pour les aider à renouer avec leur identité. A Camopi par exemple, l’artiste plasticienne a proposé un atelier aux élèves, lors duquel ceux-ci s’exprimaient, dessinaient et écrivaient sur des thèmes proposés, allant de l’abattis à l’orpaillage. Interrogée sur ses motivations, Ti’iwan répond simplement : « tout ce que je sais de la communauté, il faut que je le rende ».

Son portrait complet est à retrouver en podcast (https://www.podcastics.com/podcast/episode/la-voix-des-femmes-autochtones-5-tiiwan-couchili-55451/) ou sur notre site (https://femmesautochtones.com/page-portrait-tiiwan-couchili

Comments
Share
En terre indigène