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En Guyane, Cécile Kouyouri première cheffe coutumière 

Alors que la France ne reconnaît pas officiellement les peuples autochtones, elle accepte de fait l’existence des Kanaks et des Amérindiens de Guyane. Ces derniers conservent leurs traditions, et à titre d’exemple, les chefs coutumiers. Depuis 1997, c’est une femme qui a été désignée au sein de la Nation Kali’na. Un symbole fort et une grande fierté pour les femmes de Guyane.

De ce territoire d’Outre-Mer, on connaît plutôt le bagne de Cayenne et récemment, le projet minier de la Montagne d’Or. Moins souvent on évoque les Amérindiens y vivant depuis plus de 10 000 ans avec leur langue, leur mode de vie et leur culture. Les Kali’na sont un des quatre peuples autochtones de Guyane, ancestralement nomades et dont les activités traditionnelles sont la chasse, la pêche, la cueillette et l’agriculture vivrière sur brûlis. Plus récemment, ils ont participé à la construction du centre spatial qui a accueilli la fusée Ariane.

Parmi eux, Cécile Kouyouri, première amérindienne à être cheffe coutumière. Elle a repris le flambeau de son grand-père, alors que son village n’avait plus de chef coutumier depuis 13 ans. Elle est la première femme de Guyane à accéder à ce statut. Sa mission est avant tout spirituelle, tel un guide pour ses semblables, elle représente la loi et la sagesse. « Quand j’ai été choisie par la communauté, certains se sont moqués de moi : « Les chefs, ça ne sert plus à rien, c’est du passé, puisqu’il existe un maire » » explique-t-elle. Pourtant, le chef coutumier a un rôle bien distinct, il est l’âme de la communauté, garant de la transmission.

Lors du rituel d’investiture, Cécile se rappelle avec émotion la lecture du serment et la remise du boutou, morceau de bois lissé, le signe de sa nouvelle autorité. Aujourd’hui, tous reconnaissent que le respect de certaines valeurs traditionnelles est une alternative aux dérives, comme la drogue et la délinquance, pour une jeunesse en perte de repères. Le défi de Cécile Kouyouri est de conjuguer identité amérindienne et citoyenneté française.

Marion Fichet

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En terre indigène