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Au Tchad, l’autonomisation des femmes peules s’accélère

Hindou Oumarou Ibrahim, présidente de l’AFPAT, est la porte-parole des femmes de la communauté peule m’bororo, au Tchad. Elle anime avec son association des ateliers dans les communautés reculées. Un long travail qui porte ses fruits dans un pays où les Peuls se sentent parfois oubliés des politiques gouvernementales de développement.

Les femmes sont les mères de toute la communauté, elles assurent la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation des enfants et prennent soin des aînés et des jeunes. Dès l’âge de 4 ans-5 ans, la petite fille commence déjà à piler le mil et à aider sa maman. 

À 12 ans, elle est pleine dans les activités, comme une adulte. Pendant la saison sèche, les hommes partent et les laissent sans rien. Elles attendent leur retour. Elles ne peuvent pas sortir et n’ont pas d’activités génératrices de revenu. C’est pourquoi, en 2018 dans le cadre du projet Picsa*(Projets Innovants des sociétés civiles et des coalitions d’acteurs initiés par l’AFD) nous leur avons demandé ce qu’elles souhaitaient pour alléger leur charge de travail; elles ont répondu immédiatement : “Une machine qui pourra transformer le mil en poudre”. 

Longtemps les hommes n’en voulaient pas, de peur qu’elles n’obéissent plus et qu’elles n’acceptent plus de rester à la maison. J’ai réussi à les convaincre que ce serait un bien pour toute la communauté.

En 2018, la machine a été installée et les femmes ont reçu une formation. Aujourd’hui, plus de 1.000 femmes s’en servent, elles viennent parfois de 25 ou 30 km de leur campement avec leurs sacs à graines et, en demi-journée, elles repartent avec leurs sacs de farine. Elles ont jeté le pilon et ont commencé à mettre en place d’autres activités .

Les projets doivent venir des communautés.

Aujourd’hui, comme Chari Baguirmi est à 75 km de la ville sous-préfectorale,  la communauté souhaite implanter un marché hebdomadaire et aussi un point de stockage d’eau, car, avec le réchauffement climatique et les conséquences de la sécheresse, les mares se sont ensablées et les femmes doivent puiser l’eau de plus en plus loin. 

De même, aujourd’hui, à leur demande il y a un petit centre de santé. Là encore, comme je l’ai vu récemment lors d’une campagne d’information sur le Covid19, ce sont les femmes qui sont à l’œuvre. Le changement doit être progressif. Si nous avions précipité les décisions, aucun projet n’aurait pu voir le jour et la culture peule n’aurait pu être préservée.

Aujourd’hui, les femmes continuent tout de même à vivre selon leurs traditions : elles se réunissent toujours autour des activités de production et d’alimentation.

Crédit : Salma Khalil

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