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Au Pérou, revitaliser les langues maternelles pour préserver la culture autochtone
Photo de Tui Anandi à Paoyhan, dans une communauté shipibo

Au Pérou, la moitié de la population est amérindienne et plus de 5 millions de Péruviens ont comme langue maternelle un idiome indigène. Aujourd’hui la politique péruvienne est citée en exemple et inspire de nombreuses communautés dans le monde et en Europe dans le cadre de la revitalisation de ces langues autochtones.

La langue pour ne pas disparaître…

Alors que l’année 2019 est l’année des langues autochtones (décision de l’Unesco), tous les 15 jours, l’une d’entre elles disparaît. Au delà de la langue, c’est toute une culture et une identité qui cessent d’exister.

Au Pérou, on dénombre 47 langues autochtones. Alors que 21 d’entre elles sont considérées en danger, le gouvernement a décidé d’agir avec une politique de sauvegarde et de revitalisation des langues et de la culture dans les communautés depuis plusieurs décennies. Que ce soit à travers des radios communautaires, des ateliers intergénérationnels, mais aussi des journaux sur la télévision publique péruvienne en langues indigènes, l’Etat se mobilise sur le sujet.

L’éducation interculturelle bilingue

Pour parvenir à protéger langue et culture, l’éducation interculturelle bilingue est mise en place dans les écoles primaires du pays. Créée dans le cadre d’une réforme éducative des années 90, l’éducation est interculturelle par ses programmes scolaires : les enfants y apprennent l’histoire de leur peuple, la géographie de leur territoire et leur cosmovision. Et l’école est bilingue car l’instruction y est faite en langue maternelle d’abord, avant d’amorcer l’apprentissage de l’espagnol. Une volonté politique qui a émergé grâce à la mobilisation de nombreuses communautés pour permettre la reconnaissance des cultures autochtones.

Le peuple de la « vraie langue »

Le shipibo est l’une des langues maternelles parlées à l’est du pays, dans la jungle amazonienne par près de 34 000 locuteurs. Se définir shipibo, c’est se définir par sa langue. “Jonikon” qui fait référence au peuple comme à la langue shipibo, signifie la « vraie langue » ou « la langue par excellence ». C’est pourquoi, plus qu’un apprentissage, elle fait partie intégrante du réveil indigène après des siècles de castillanisation, la langue du colon, l’espagnol.

Cette revitalisation de la langue autochtone ces dernières décennies a été élaborée par les femmes, qui y ont vu une forme d’émancipation dans une société shipibo très patriarcale… c’est pourquoi nous sommes au Pérou en ce moment, pour rencontrer Lidia Gonzales première femme professeure de shipibo. Rendez-vous vendredi pour découvrir son portrait.

Marion Fichet

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